Alors qu'un cortège défilait tranquillement avec les traditionnels drapeaux indépendantistes, le ton est monté chez les manifestants convoqués par les Comités de défense de la République (CDR), un groupe radical qui prône la rupture avec l'Espagne sans attendre.
A proximité de la préfecture, certains ont lancé des poubelles en direction des policiers catalans, les Mossos d'Esquadra, qui ont repoussé la foule à coups de matraque et même tiré des coups de feu en l'air.
Devant la délégation de la Commission européenne, ils criaient "Cette Europe est une honte". Malgré les efforts de Carles Puigdemont, installé à Bruxelles après l'échec de la tentative de sécession de la Catalogne, aucun membre de l'Union européenne n'a soutenu la cause de l'indépendance d'une des plus riches régions d'Espagne.
Devant le consulat d'Allemagne, ils ont brandi une photo de la chancelière allemande Angela Merkel, affublée d'une moustache à la Hitler.
'Fini les sourires'
Beaucoup criaient "Fini les sourires" alors que les dirigeants indépendantistes ont longtemps parlé de "révolution des sourires". Mais des leaders comme Elsa Artadi, une députée proche de Carles Puigdemont, ont eux appelé au calme.
"Ils ne vont rien arrêter avec les détentions, au contraire", a affirmé Yolanda Salleras, une kinésithérapeute de 37 ans. "Ils veulent nous enterrer mais à chaque fois qu'ils frappent, quatre nouveaux indépendantistes surgissent. Ils veulent nous décapiter mais nous sommes deux millions".
Pour elle, le temps des manifestations est passé. "Nous avons besoin de quelque chose de plus radical", a-t-il lancé. "Moi, je paralyserais le pays, un grève générale de plusieurs jours pour qu'ils les libèrent tous".
D'après la radio catalane, des membres des CDR ont coupé des routes, provoquant des embouteillages, comme ils l'avaient fait lors de deux grèves déclenchées en Catalogne après les violences policières qui ont marqué le referendum d'autodétermination interdit par la justice.
Outre Carles Puigdemont, arrêté dimanche en Allemagne en vertu d'un mandat arrêt européen, neuf dirigeants indépendantistes sont incarcérés en Espagne pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne à l'automne dernier.
Cinq autres se sont exilés alors que M. Puigdemont doit être présenté lundi à un juge allemand qui décidera s'il doit être remis à la justice espagnole.
"J'espère qu'ils ne l'extraderont pas mais je ne suis pas très optimiste", a déclaré Rosa Vela, professeure de 60 ans.
"Qu'ils ne chantent pas victoire ce n'est pas la fin de l'indépendantisme, loin de là", s'est écriée Judit Carapena, une étudiante en architecture de 22 ans. "C'est le peuple qui dirige l'indépendantisme et ils ne peuvent pas nous mettre tous en prison. Il y aura d'autres Puigdemont".
"Nous allons continuer à résister et à lutter pour être libres", a assuré Julio Vallmitjana, un retraité de 64 ans. Cheveux blancs coiffés en queue de cheval et barbe fournie, il se tenait à l'écart de la mêlée.
"Avant j'étais pour la confrontation mais je me suis rendu compte que ce n'était pas la meilleure voie, dit-il. Nous n'avons plus qu'à faire les choses pacifiquement. Le problème c'est que les bons ne gagnent jamais mais nous serons les premiers à le faire".
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