Ecrasés par un déluge de feu et affaiblis par un siège de cinq ans, les mouvements rebelles acceptent un à un d'abandonner leurs positions dans la Ghouta pour se retirer dans la province d'Idleb (nord-ouest), qui échappe encore au contrôle du régime.
Un convoi de vingt-six bus a quitté dimanche en fin d'après-midi l'enclave, à destination d'Idleb, à la suite d'un accord parrainé par la Russie, allié du régime syrien, a constaté un correspondant de l'AFP.
"J'ai décidé de partir pour sauver la vie de ma femme et de mes enfants. Mais je reviendrai dans la Ghouta combattre le régime", a promis Abou Mohamad, un rebelle âgé de 27 ans.
Quelque 1.800 rebelles du groupe islamiste Faylaq al-Rahmane et leurs proches devaient faire partie de cette nouvelle vague, selon l'agence officielle syrienne Sana.
Comme la veille, les candidats au départ étaient fouillés -les combattants doivent abandonner la plus grande partie de leur armement- et un soldat russe avait pris place à bord de chaque bus, Moscou supervisant directement l'opération.
'Avenir détruit'
Leurs biens rassemblés dans des sacs en toile et des valises chargées à ras bord, combattants vêtus de noir et civils ont embarqué à Arbine tout au long de la journée dans les bus devant les conduire à Idleb.
Les larmes ont coulé sur les visages de nombre d'entre eux, a constaté un correspondant de l'AFP. "Nous abandonnons nos foyers, nous n'avons plus d'argent, plus de maison, même plus de vêtements à emporter à cause des bombardements", a témoigné Hamza Abbas, un civil.
Les habitants de la zone peuvent rester sur place, dans le cadre d'un accord dit de "réconciliation", mais c'est hors de question pour lui: "J'ai décidé de partir. Comment accepter de vivre avec ceux qui ont massacré ma famille et mes amis? Qui ont détruit mon avenir? Tué des femmes et des enfants?".
Samedi, près de 1.000 combattants rebelles et leurs familles ont déjà quitté Arbine. Après un voyage de nuit, ils sont arrivés dimanche à Qalaat al-Madiq, dans la province centrale de Hama, escale coutumière sur la route d'Idleb, selon un correspondant de l'AFP.
Au total, quelque 7.000 personnes doivent quitter Arbine et les autres localités de ce qui est l'avant-dernière enclave rebelle près de Damas. Cet accord inclut aussi le quartier damascène de Jobar, également contrôlé par Faylaq al-Rahmane.
A l'issue de cette évacuation de masse, les rebelles ne seront plus présents que dans une seule poche, autour de la grande ville de Douma, tenue par le groupe islamiste Jaich al-Islam et où des négociations sont en cours.
Le premier accord d'évacuation de rebelles de la Ghouta a été conclu la semaine dernière pour la poche de Harasta. Environ 4.500 personnes, dont 1.400 combattants du groupe insurgé salafiste Ahrar al-Cham ont été transférés vers Idleb.
"Tout ce qu'ils ont obtenu, c'est de pouvoir partir sans être tués", a dit Nawar Oliver, expert au centre de réflexion Omran, basé en Turquie.
Victoire emblématique
Au-delà de ces évacuations, plus de 107.000 habitants des zones rebelles de la Ghouta, vaste plaine agricole à l'est de Damas, ont fui en une dizaine de jours vers les zones gouvernementales depuis le lancement, le 18 février, d'une offensive des forces du président syrien Bachar al-Assad. L'enclave rebelle comptait environ 400.000 habitants avant le début de l'offensive.
Plus de 1.600 civils ont été tués par les bombardements du régime, selon l'OSDH, qui a aussi dénombré la mort d'au moins 485 soldats gouvernementaux et de 310 rebelles.
Le régime syrien avait fait en début d'année une priorité de la reconquête de la Ghouta orientale, une zone d'où les rebelles tiraient obus et roquettes meurtriers sur Damas. Samedi, un adolescent de 12 ans a été tué par un de ces tirs, selon l'agence de presse officielle Sana.
La Ghouta a été l'une des premières régions où se sont déroulées des manifestations contre le régime, en 2011, dans le contexte du Printemps arabe.
"Les habitants de Damas raconteront à leurs enfants pendant les décennies à venir comment vous avez sauvé la ville", avait proclamé mi-mars le président syrien, s'adressant aux troupes impliquées dans l'assaut sur la Ghouta.
La guerre en Syrie, déclenchée en 2011 avec la répression de manifestations en faveur de réformes démocratiques, a fait plus de 350.000 morts et conduit des millions de Syriens à l'exil.
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