Cet hommage national pour un officier "tombé en héros" selon le président Emmanuel Macron et dont la mort a provoqué une vive émotion dans le pays, a été annoncée à l'issue d'un conseil restreint de défense à l'Elysée. La date n'a pas été précisée.
Emmanuel Macron a également "demandé la convocation cette semaine par les préfets" des responsables des services (renseignement, police, gendarmerie, parquet, administration pénitentiaire) impliqués dans le suivi des personnes radicalisées. Selon le ministère de l'Intérieur, ce type de réunion a "pour objet de rappeler les consignes de vigilance après un tel acte".
Radouane Lakdim, un Français d'origine marocaine de 25 ans, s'était présenté vendredi comme "un soldat" du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui a peu après revendiqué les attaques. S'il avait été repéré et suivi par les services de renseignement, "nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation", a concédé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
A son domicile de Carcassonne (sud), les enquêteurs ont découvert des "notes faisant allusion à l'Etat islamique" et s'apparentant à un testament, selon des sources concordantes. Parallèlement, deux personnes ont été placées en garde à vue: un jeune de 17 ans présenté comme un ami de Radouane Lakdim, et sa compagne.
Le tueur, qui était armé d'une arme de poing, d'un couteau de chasse et de trois engins explosifs artisanaux selon une source judiciaire, a été abattu par les forces de l'ordre à l'issue d'une prise d'otages dans un supermarché Super U de Trèbes, commune proche de la cité historique de Carcassonne.
Lors de cette prise d'otages qui avait déjà fait deux morts, un lieutenant-colonel de la gendarmerie de 44 ans, s'était proposé pour prendre la place d'une femme que l'assaillant avait pris comme "bouclier", selon une source proche du dossier.
Grièvement blessé par l'assaillant, Arnaud Beltrame a succombé samedi à ses blessures.
La grande mosquée de Paris, à l'unisson des représentants musulmans, a salué son "courage" et "son engagement".
"Il est parti en héros", il "savait certainement qu'il n'avait pratiquement aucune chance" et "il n'a pas hésité une seconde", a souligné son frère Cédric Beltrame sur RTL. Marié sans enfants, Arnaud Beltrame devait se marier religieusement cette année.
"Horrible attaque" selon Trump
Les drapeaux et étendards de la gendarmerie, comme ceux de l'Assemblée nationale, étaient en berne samedi. Une messe sera célébrée dimanche matin par l'évêque de Carcassonne à Trèbes, où aura lieu jeudi une veillée de prière pour les victimes et leurs proches.
Trois personnes ont aussi été blessées par Lakdim, dont l'une était samedi entre la vie et la mort.
Des habitants ont afflué pour déposer de fleurs devant le Super U, fermé, et la caserne de gendarmerie de Carcassonne.
Arrivée avec un bouquet de roses blanches portant l'inscription "Merci", une habitante, Marie-Claire Castel, a confié ne pas avoir "dormi de la nuit" et "beaucoup prié en pensant qu'il y aurait un miracle, qu'on le sauverait".
La population, sous le choc, exprimait son désarroi: "On se disait qu'on n'avait rien à craindre, on se disait que ça n'arrive que dans les grandes villes", confessait, la voix chevrotante, Khadija, 52 ans.
La France, visée pour sa participation à la coalition militaire internationale contre l'EI en Irak et en Syrie, vit sous la menace terroriste depuis une vague d'attentats jihadistes qui, à ce jour, ont fait 245 morts depuis janvier 2015.
Cette dernière attaque, que le président américain Donald Trump a qualifiée d'"horrible", est la plus grave depuis le début de mandat d'Emmanuel Macron en mai 2017. Plusieurs centaines d'enquêteurs sont mobilisés pour comprendre les raisons du passage à l'acte de Radouane Lakdim, alors qu'il ne semblait plus être une menace aux yeux des autorités et "les étapes de son parcours de radicalisation".
Viticulteur, boucher, maçon...
Né au Maroc le 11 avril 1992, cet homme avait été naturalisé en 2004 car son père était devenu français, selon une source proche de l'enquête.
A partir de 2014, il a été suivi par les services de renseignements et fiché "S" (pour sûreté de l'Etat) "en raison de ses liens avec la mouvance salafiste", selon le procureur de Paris François Molins. Selon une source proche du dossier, ce petit délinquant ne s'est jamais rendu en Syrie mais une velléité de départ avait été détectée en 2014.
En 2016 et 2017, il a de nouveau été suivi par les services de renseignements, qui n'ont décelé aucun "signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l'acte terroriste", selon M. Molins.
Lors de ses attaques, il a notamment demandé "la libération de frères" dont, selon une source proche du dossier, celle de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie du commando des attentats du 13 novembre 2015 (130 morts), emprisonné à Paris.
Radouane Lakdim a entamé son équipée meurtrière à Carcassonne peu après 10H00 vendredi au volant d'une voiture dont il tue le passager et blesse grièvement à la tête le conducteur, de nationalité portugaise. Il tire ensuite sur quatre CRS, blessant l'un à l'épaule, avant de prendre la fuite.
Vers 11H15, il entre dans le Super U de Trèbes et tue le chef boucher du magasin et un client.
Vers 14H20, Radouane Lakdim, seul avec l'officier de gendarmerie retenu en otage, ouvre le feu sur le militaire, déclenchant l'intervention du GIGN, qui a tué l'assaillant.
burs-bfa/blb/mra
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