Après ces attaques, qui ont également fait un blessé grave, l'enquête des services antiterroristes se concentre sur l'entourage du tueur. Un jeune de 17 ans, ami de l'assaillant, a été placé en garde à vue dans la nuit, de même qu'une "proche qui partageait sa vie" l'avait été vendredi après une perquisition dans son quartier de Carcassonne, selon le procureur de Paris François Molins.
Le Français d'origine marocaine, âgé de 25 ans, a été abattu par les forces de l'ordre après une prise d'otages dans un supermarché Super U de Trèbes, commune proche de la cité historique de Carcassonne. Peu après cette prise d'otages, le lieutenant-colonel de 45 ans s'était livré à la place d'une femme que l'assaillant avait pris comme "bouclier", a rapporté samedi une source proche du dossier.
Grièvement blessé par l'assaillant, Arnaud Beltrame a succombé à ses blessures et sa mort suscitait émotion et hommages. Il est "tombé en héros" et mérite "respect et admiration de la nation tout entière", a a ainsi déclaré le chef de l'Etat Emmanuel Macron.
La Grande Mosquée de Paris, à l'unisson des représentants musulmans, a salué son "courage" et "son engagement".
"Il est parti en héros" mais il "savait certainement qu'il n'avait pratiquement aucune chance" et "il n'a pas hésité une seconde", a souligné son frère Cédric Beltrame, sur RTL. Marié sans enfants, Arnaud Beltrame devait se marier religieusement cette année dans l'église de Carcassonne.
"Merci"
Les drapeaux et étendards de la gendarmerie étaient en berne samedi.
Dans l'Aude, des habitants affluaient pour déposer fleurs ou bouquets devant le Super U de Trèbes, fermé, et la caserne de gendarmerie de Carcassonne.
Arrivée avec un bouquet de roses blanches portant l'inscription "Merci", Marie-Claire Castel, a appelé à un "hommage national". "C'est un héros, je n'ai pas dormi de la nuit, j'ai beaucoup prié en pensant qu'il y aurait un miracle, qu'on le sauverait", a-t-elle confié, très émue.
Une habitante de Carcassonne montrant du doigt la caserne des gendarmes, jugeait "important surtout de leur dire merci à eux".
Les enquêteurs tentent de comprendre les raisons du passage à l'acte de Radouane Lakdim, alors qu'il ne semblait plus être une menace aux yeux des autorités. Il s'est présenté vendredi comme "un soldat" du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui a peu après revendiqué les attaques.
La France vit sous la menace terroriste depuis la vague d'attentats jihadistes sans précédent qui, désormais, ont fait 245 morts depuis 2015. La France est particulièrement visée pour sa participation à la coalition militaire internationale contre l'EI en Irak et en Syrie.
"Les représentants des forces de l'ordre sont les cibles privilégiées désignées par les tenants d'une idéologie mortifère et totalitariste", a commenté le syndicat d'officiers de police, Synergie. Avec Arnaud Beltrame, six membres des forces de l'ordre ont été tués lors d'attaques jihadistes. Auxquels s'ajoutent trois militaires tués par Mohamed Merah en 2012.
"Nous avions suivi" Radouane Lakdim "et nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation", mais "il est passé à l'acte brusquement", a concédé le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.
Aucun signe précurseur
Né au Maroc le 11 avril 1992, cet homme vivait à Carcassonne. Il avait été naturalisé en 2004 car son père était devenu français, selon une source proche de l'enquête.
A partir de 2014, il a été suivi par les services de renseignements et fiché "S" (pour sûreté de l'Etat) "en raison de ses liens avec la mouvance salafiste", selon François Molins.
Mais il a ensuite semblé changer de registre. En août 2016, il a fait un mois de prison après des condamnations pour "port d'arme prohibé", "usage de stupéfiants" et "refus d'obtempérer".
En 2016 et 2017 il a de nouveau été suivi par les services de renseignements, qui n'ont décelé aucun "signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l'acte terroriste", selon M. Molins. Sa surveillance est alors arrêtée.
Lors de ses attaques, il a notamment demandé "la libération de frères" dont, selon une source proche du dossier, celle de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des attentats jihadistes du 13 novembre 2015 (130 morts), emprisonné à Paris.
Radouane Lakdim a entamé son équipée meurtrière peu après 10H00 vendredi en volant d'une voiture à Carcassonne, dont il tue le passager et blesse grièvement le conducteur. Il tire ensuite sur quatre CRS, blessant légèrement l'un à l'épaule, avant de prendre la fuite.
Vers 11H15, il entre dans un supermarché Super U de Trèbes et tue un employé et un client.
"J'ai vu un individu très excité qui avait une arme de poing, un couteau et qui criait Allah Akbar", a raconté à l'AFP Christian Guibbert, ex-policier, qui faisait ses courses. "On a fait sortir des collègues et des clients par la porte de secours à l'arrière", a confirmé Jacky, collègue de travail d'une des victimes à la boucherie du supermarché. "Il a été tué d'une balle dans la tête à bout portant", a-t-il ajouté.
Vers 14H20, Redouane Lakdim, seul avec l'officier de gendarmerie retenu en otage, ouvre le feu sur le militaire, déclenchant l'intervention du GIGN, selon le récit du procureur Molins.
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