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"On a l'impression de faire un mauvais rêve": le village de Trèbes sous le choc

"C'est affreux, on a l'impression de faire un mauvais rêve": dans la petite commune de Trèbes, près de Carcassonne, le réveil était douloureux samedi et les mines défaites, au lendemain de la prise d'otages meurtrière dans un Super U.

"On a l'impression de faire un mauvais rêve": le village de Trèbes sous le choc
Des enquêteurs inspectent les alentours du Super U à Trèbes le 24 mars 2018 au lendemain d'une attaque qui a fait 4 morts au total - ERIC CABANIS [AFP]

"On ne s'attendait pas à ça...", poursuit, hagard, Hamid, 53 ans, restaurateur dans cette commune paisible du sud de la France, traversée par le très touristique Canal du Midi.

"Voir des choses comme ça arriver dans un petit village, c'est effrayant", ajoute cet homme d'origine marocaine. "Ca fait 40 ans qu'on vit là, on n'a jamais fait parler de nous, que ce soit le village ou les Marocains qui vivent là."

La veille, il faisait "le plein d'essence sur le parking du Super U. "Quand les gendarmes sont arrivés avec leurs armes, j'ai cru que c'était un braquage qui avait mal tourné", souffle-t-il.

En réalité, à l'intérieur se joue une prise d'otages menée par un jihadiste se réclamant de l'organisation Etat islamique, Radouane Lakdim, 25 ans.

Au total, trois personnes sont décédées au cours de cette attaque, dont un des salariés. Grièvement blessé par l'assaillant, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qui s'était substitué à une otage, est l'une des victimes. Dans la matinée, Lakdim avait volé une voiture à Carcassonne, tuant le passager et blessant grièvement le conducteur.

Samedi matin, le magasin Super U de Trèbes situé dans une zone d'activité était fermée. Quelques voitures et camionnettes stationnaient encore sur le parking de l'hypermarché, entouré d'un ruban jaune et dont l'accès, interdit au public, était contrôlé par deux gendarmes, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les commerçants ont rouvert samedi, après avoir fermé la veille. A la mairie, les habitants de la commune et salariés du Super U défilaient pour répondre aux questions des enquêteurs et bénéficier de l'écoute des psychologues. "C'est horrible, à l'intérieur, tout le monde pleure", a témoigné une habitante, sous couvert de l'anonymat

"Après Paris, Nice... Trèbes"

Venue acheter un bouquet de fleurs "pour le gendarme décédé", Monique, 73 ans, dit "vivre très mal les évènements". "C'est une petite commune, on se connaît tous", décrit cette retraitée qui ne vit "pas dans la menace terroriste".

"Après Paris, Nice, Marseille... A Trèbes, on se disait qu'on n'avait rien à craindre", confesse avec une voix chevrotante Khadija, 52 ans. "On se disait que ça n'arrive que dans les grandes villes", ajoute cette femme fébrile, qui a fermé vendredi "en solidarité avec la commune" son restaurant situé en centre-ville de Trèbes.

"Le Super U est situé dans un coin perdu, c'est la campagne ici!", ajoute-t-elle.

Pour une fleuriste de la commune, qui souhaite garder l'anonymat, "ce n'est pas une surprise, ce qui s'est passé". "Je pensais que Carcassonne serait visée, parce que c'est une grande commune qui accueille beaucoup de touristes", explique cette sexagénaire.

Cette femme dit "ne pas être à l'abri ou épargnée, même à la campagne". Il y a quelques mois, "la police a arrêté un jeune qui voulait s'en prendre aux touristes à Carcassonne".

Ce jeune homme radicalisé, soupçonné de vouloir commettre une "action violente" contre des touristes américains et russes, avait été arrêté en gare de Carcassonne, avant d'être mis en examen et écroué en 2016.

"Depuis, je n'ai pas arrêté de penser que ça pouvait arriver ici aussi", dit-elle. Dépitée, la fleuriste souffle: "Cette idée ne m'a jamais quittée".

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