Un Marocain suivi pour radicalisation est soupçonné d'être le preneur d'otages, selon une source proche de l'enquête.
Le Premier ministre Edouard Philippe, qui a qualifié la situation de "sérieuse", a estimé que tout laissait "penser qu'il s'agirait d'un acte terroriste", alors que la France est sous forte menace jihadiste depuis 2015.
Selon une source proche du dossier, deux personnes sont mortes dans cette prise d'otages, survenue quelques minutes après qu'un CRS a été blessé par balle à Carcassonne, à moins de dix km de là.
A Trèbes, "une grande partie des employés et des clients du Super U ont réussi à prendre la fuite. Un officier de gendarmerie en service est actuellement au contact du preneur d'otages", a ajouté la même source, qui n'était pas en mesure de dire combien de personnes se trouvaient encore dans le supermarché à la mi-journée.
Selon les premiers éléments de l'enquête, un homme "a pénétré vers 11H15 dans ce supermarché Super U et des coups de feu ont été entendus", a précisé une source. D'après le parquet de Carcassonne, le preneur d'otages se revendique de l'EI.
La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie et le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb se rend sur place. La dernière attaque meurtrière en France s'était produite le 1er octobre à Marseille (deux mortes).
Un témoin a déclaré que l'auteur des coups de feu, qui serait armé de couteaux, d'une arme de poing et de grenades, avait crié "Allah Akbar" en rentrant dans le supermarché, a-t-on indiqué de source proche du dossier.
"Un homme a crié et a tiré des coups de feu à plusieurs reprises", a raconté une cliente du supermarché sur Franceinfo. "J'ai vu une porte de frigo, j'ai demandé aux gens de venir se mettre à l'abri. Nous étions dix et nous sommes restés une heure. Il y a eu encore des coups de feu et on est sorti par la porte de secours derrière".
Tous les accès à la commune de Trèbes étaient bloqués dès la sortie de l'autoroute, où étaient postés des membres des forces de l'ordre fortement armés, a constaté un journaliste de l'AFP. Un hélicoptère de la gendarmerie survolait le secteur.
Un CRS blessé
Quelques minutes avant que ne survienne cette prise d'otages, un CRS rentrant d'un footing avec plusieurs collègues a été légèrement blessé par balle à l'épaule à Carcassonne par un homme armé qui a pris la fuite, selon des sources proches du dossier. Le Premier ministre a indiqué que le pronostic vital du CRS n'"était pas engagé".
La voiture de l'homme qui a tiré sur des CRS a été retrouvée sur le parking du supermarché de Trèbes, a-t-on appris de source proche du dossier.
La préfecture de l'Aude a annoncé sur Twitter que le secteur de Trèbes "était interdit" et a demandé à la population de "faciliter l'accès aux forces de l'ordre".
Selon le rectorat de Montpellier, les quatre écoles et collèges de Trèbes ont été confinés.
L'antenne du GIGN de Toulouse est arrivée sur place, soutenue par les policiers d'élite du Raid et de la BRI. Pour la Sécurité civile, 80 pompiers et membres d'équipes médicales étaient sur les lieux, avec deux hélicoptères, selon l'Intérieur.
Ces attaques interviennent alors que la France vit sous une constante menace terroriste depuis la vague d'attentats jihadistes sans précédent, parfois de masse, qui ont fait 241 morts depuis 2015.
La France fait partie de la coalition militaire internationale intervenant en Syrie et Irak contre l'EI, qui perd peu à peu tous ses bastions.
Aujourd'hui, "on ne peut pas parler de risque terroriste moins important. On fait notamment face à une menace endogène, c'est un risque qui va durer, plus difficile à déceler", a relevé en début de semaine un haut responsable de la lutte antiterroriste, dans un entretien à l'AFP.
La prise d'otages est une stratégie utilisée par les jihadistes: le 9 janvier 2015, deux jours après la tuerie de Charlie Hebdo, Amédy Coulibaly avait retenu les clients et le personnel de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes. La prise d'otages avait fait quatre morts. Amédy Coulibaly avait été abattu par les forces de l'ordre.
La dernière attaque meurtrière en France date du 1er octobre 2017 lorsque, sur le parvis de la gare Saint-Charles à Marseille, un Tunisien de 29 ans avait tué au couteau deux cousines, avant d'être abattu par la police. L'EI a revendiqué ces assassinats, mais les enquêteurs français n'ont pas, pour l'heure, trouvé d'élément reliant l'assaillant à l'organisation jihadiste.
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