Jeudi soir, malgré les négociations difficiles en cours sur le Brexit, les Européens ont affiché une solidarité sans faille avec Theresa May en incriminant la Russie, selon eux "très probablement" derrière l'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal le 4 mars à Salisbury, en Angleterre.
La Première ministre britannique a dû prolonger son séjour à Bruxelles pour poursuivre des discussions inachevées sur le commerce avant de laisser ses partenaires ensemble pour la deuxième partie du sommet.
Donald Tusk, président du Conseil européen, l'instance qui regroupe les chefs d'Etat et de gouvernement, va demander un feu vert "de principe" à l'accord de transition présenté en début de semaine par les négociateurs du Brexit, Michel Barnier pour l'UE et le Britannique David Davis.
La transition de 21 mois qui suivra le départ effectif du Royaume-Uni fin mars 2019 et les discussions sur le "cadre de la future relation" -- tout accord commercial ne pourra être signé qu'une fois le Royaume-Uni devenu un pays tiers -- visent à "minimiser l'effet du Brexit", a rappelé M. Tusk à la veille du sommet européen.
Le Polonais l'a répété: le choix du Royaume-Uni de quitter le marché unique et l'union douanière donnera de fait lieu à des "frictions" dans la future relation commerciale entre les deux parties.
"Nouvelle dynamique"
Lors du dîner jeudi, Theresa May a souligné que l'accord provisoire trouvé lundi sur la transition avait nécessité "des compromis de chaque côté" mais avait permis d'offrir de la "certitude" aux entreprises et aux citoyens concernés par le Brexit.
"Nous avons maintenant l'opportunité de créer une nouvelle dynamique dans les discussions pour travailler ensemble à explorer des solutions réalisables -- en Irlande du Nord, dans notre coopération future sur la sécurité et afin d'assurer une prospérité future à tous nos citoyens", a déclaré Mme May, selon des propos rapportés par Downing Street.
Selon un projet de texte consulté par l'AFP, l'UE insiste sur l'indivisibilité de son marché unique, rappelant une nouvelle fois un de ses principes de base dans cette négociation: pas de commerce "à la carte", secteur par secteur.
Le message à faire passer: un pays à l'extérieur de l'UE ne saurait bénéficier des mêmes avantages qu'à l'intérieur du bloc.
Les 27 poussent pour, à terme, un traité de libre-échange qui permettra de maintenir des frais de douane nuls et l'absence de restrictions quantitatives.
Frontière irlandaise
Mais le principal point d'achoppement des discussions reste la question de la frontière irlandaise.
Les Britanniques ont accepté d'intégrer dans l'ébauche d'accord de retrait actuellement sur la table l'option d'un "espace réglementaire commun" incluant l'UE et la province britannique d'Irlande du Nord, au moins jusqu'à ce qu'ils proposent une autre solution satisfaisante.
"Une fois passés à l'étape où nous pouvons discuter de la future relation, c'est là, pensons-nous, que la solution à (la question de) la frontière irlandaise sera trouvée", a estimé un haut responsable britannique sous couvert d'anonymat.
"Il y a en fin de parcours une période qui va être très difficile à franchir pour le gouvernement de Sa Majesté la Reine", a observé un diplomate européen.
Certains responsables ont de leur côté remarqué qu'aucune référence n'était faite dans ces lignes directrices aux services financiers, secteur pour lequel Londres insiste pour maintenir un accès au marché européen.
"Le principal secteur économique du Royaume-Uni n'est pas mentionné dans le texte, cela ne nous semble pas sérieux", a relevé une autre source diplomatique européenne.
Après un petit-déjeuner centré sur le Brexit, les dirigeants engageront une discussion sur l'avenir de la zone euro: une discussion "politique", promet la présidence française.
Emmanuel Macron tentera vendredi de convaincre les pays qui ont adopté l'euro de soutenir sa proposition d'adopter en juin une "feuille de route sur dix ans" pour la zone euro, en la dotant d'un budget spécifique afin de relancer des politiques européennes ambitieuses.
La France compte ensuite entrer dans le détail lors de réunions avec l'Allemagne en avril et mai pour ensuite déposer sur la table du sommet européen de juin une proposition forte de tout le poids du couple franco-allemand.
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