Jordi Turull, en liberté provisoire, n'a recueilli que 64 voix, tandis que 65 députés ont voté contre et que les quatre élus séparatistes les plus radicaux se sont abstenus.
Au second tour samedi, il lui suffirait pour être élu de la majorité simple qui ne lui est pas encore acquise mais il doit d'abord se présenter devant un juge qui pourrait le renvoyer en prison.
Cet ancien porte-parole du gouvernement catalan est convoqué vendredi à 10H30 (09H30 GMT), avec cinq autres dirigeants indépendantistes, par le juge de la Cour suprême à Madrid chargé de l'enquête pour rébellion, sédition et malversations financières qui les vise.
Le juge Pablo Llarena pourrait le renvoyer en prison où il a déjà passé un mois après le vote au parlement catalan d'une proclamation d'indépendance le 27 octobre.
Une éventuelle incarcération aurait pris une autre dimension s'il avait pu se rendre au tribunal en tant que président élu de la Catalogne.
Peut-être craignant la sévérité du juge, M. Turull a évité de recourir aux mots "indépendance" ou "république" devant les élus, dans un discours sans éclat, alors que la CUP lui réclamait justement de se prononcer pour l'indépendance unilatérale.
Il a au contraire réclamé de dialoguer avec le gouvernement espagnol du conservateur Mariano Rajoy.
Les séparatistes radicaux de la Candidature d'unité populaire, qui exigent la rupture avec l'Espagne, lui ont reproché sa prudence.
"L'heure est venue de dire non à tant de calculs, à tant d'indécision, à tant de retard", a déclaré Carles Riera, le porte-parole de ce petit groupe parlementaire.
Le vote des élus catalans doit enclencher un compte à rebours de deux mois, à l'issue duquel, si aucun gouvernement n'est investi, de nouvelles élections régionales seront organisées.
Tant qu'elle n'aura pas de président et donc de gouvernement, la Catalogne restera sous la tutelle que lui a imposée Madrid après la tentative de sécession.
Affrontement
Aux élections régionales du 21 décembre, les partis séparatistes ont conservé la majorité absolue des sièges au parlement (70 sur 135), mais leurs divisions et les poursuites judiciaires ont empêché l'investiture d'un candidat.
Jordi Turull est le troisième candidat qu'ils proposent. Les deux précédents, l'ancien président Carles Puigdemont, qui s'est exilé en Belgique, et Jordi Sanchez, incarcéré, ont jeté l'éponge en raison des obstacles judiciaires à leur investiture.
La convocation de M. Turull devant la Cour suprême, annoncée juste après la renonciation à se présenter de Jordi Sanchez, a amené le président du parlement Roger Torrent à organiser d'urgence ce débat, dénonçant les "ingérences" de la justice dans la politique catalane.
Les séparatistes accusent le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy d'utiliser les juges pour étouffer leur mouvement. Ils affirment que les quatre dirigeants indépendantistes actuellement en détention provisoire sont des "prisonniers politiques".
Leurs opposants les accusent de violer la loi et de jouer les victimes.
"Vous ne voulez pas gouverner, vous voulez prolonger le chaos", a lancé Inés Arrimadas, figure de proue du parti opposé à l'indépendance Ciudadanos, qui a recueilli le plus de voix aux élections de décembre dernier.
"Vous ne pouvez pas faire partie de la solution car vous êtes une partie du problème", a-t-elle dit à Jordi Turull, lui rappelant les affaires de corruption ayant éclaboussé son parti.
Le ministre de la Justice Rafael Catala a accusé les indépendantistes de chercher "un affrontement avec l'État de droit".
Choisir des candidats poursuivis par la justice, a-t-il dit, "montre qu'il n'y a pas de volonté réelle de trouver des solutions d'avenir, mais au contraire d'encore saboter le terrain de jeu".
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