Réunie mercredi pour examiner les accusations portées contre Léonid Sloutski par des journalistes femmes, la commission d'éthique de la Douma, la chambre basse du Parlement, "n'a pas trouvé de violations des règles de comportement" chez ce député pro-Kremlin.
"Avec cette décision, la commission d'éthique a de facto reconnu comme normale la possibilité de harceler sexuellement les journalistes", a dénoncé sur son site le groupe RBK, annonçant "le retrait de tous ses journalistes (site web, chaîne de télévision, quotidien, magazine) qui couvrent les activités de la Douma".
La chaîne de télévision Dojd, proche de l'opposition, a annoncé prendre la même décision, qualifiant dans un communiqué la décision de la commission d'"inacceptable et humiliante".
La Douma est "désormais considérée comme un lieu de travail dangereux pour les journalistes des deux sexes (vous ne savez jamais quelles sont les préférences d'un député)", a abondé sur Telegram la radio indépendante Ekho Moskvy.
Ekho Moskvy (Echo de Moscou) a également retiré ses journalistes de la chambre basse, après une déclaration du président de la Douma Viatcheslav Volodine qui avait conseillé aux journalistes incommodées de changer de travail.
La radio Govorit Moskva et le sites d'information Znak ont emboîté le pas en annonçant le boycott de la Douma par leurs journalistes, tout comme la chaîne de télévision RTVI dont la vice-présidente, Ekaterina Kotrikadzé, avait affirmé fin février avoir été harcelée sexuellement par Léonid Sloutski en 2011.
"Nous sommes surpris et déçus par la décision de la commission (...) qui a transformé la réunion en procès des victimes", avait déclaré mercredi soir la rédaction du quotidien Kommersant qui a annoncé ne plus couvrir les activités de M. Sloutski, hormis celles se rapportant aux accusations de harcèlement sexuel, à l'instar des autres médias, comme le site d'informations Lenta.ru.
"Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons changer la situation", a déclaré le rédacteur en chef de Dojd, Alexandre Perepelov, appelant les autres médias russes à rejoindre le mouvement de boycott.
Le quotidien des affaires Vedomosti a annoncé de son côté que ses journalistes n'auraient plus de contact direct avec le député Sloutski et avec les membres du comité d'éthique de la Douma.
Les médias participant au boycott n'auront pas leurs accréditations renouvelées après leur expiration, a prévenu M. Volodine lors d'un point-presse.
Interrogé par des journalistes, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a pour sa part refusé de commenter, estimant qu'il s'agissait d'une affaire interne à la Douma.
Les accusations portées contre Léonid Sloutski constituaient le premier cas médiatique de scandale de harcèlement sexuel en Russie depuis l'émergence, après l'affaire du producteur hollywoodien Harvey Weinstein, du mouvement #MeToo. Elles ont incité plusieurs femmes à s'exprimer sur le sujet, dans un pays où les cas de harcèlement sont souvent relativisés ou traités avec ironie.
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