Ce petit fourmilier à longue queue est, pour son malheur, le seul mammifère recouvert d'écailles. Elles sont considérées traditionnellement utiles pour de multiples affections, de l'acné au cancer en passant par l'impuissance. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) l'a interdit de vente en septembre 2016.
Mais ses écailles sont encore disponibles dans une rue de Hong Kong où s'alignent les commerces spécialisés dans la vente de tous types d'animaux séchés, entiers ou débités.
"Si vous en voulez pour votre santé, je vais voir si j'en trouve", déclare un commerçant, avant de grimper sur un escabeau à la recherche des précieuses écailles, dissimulées derrière un tas de boîtes en carton.
Le vieux monsieur en redescend avec un sac d'écailles frites, qui ressemblent un peu à des chips. Leur prix: 500 dollars de Hong Kong (52 euros) les 40 grammes.
L'homme dit ne rien comprendre aux efforts de protection de l'espèce.
"Il reste beaucoup de pangolins en Asie. On dit qu'ils sont en danger mais ça n'est pas vrai", bougonne-t-il.
Un million de pangolins ont été chassés dans les forêts d'Afrique et d'Asie au cours des dix dernières années, à mesure que l'appétit pour le quadrupède s'envolait en Chine ou au Vietnam. L'animal est sans défense: menacé, il se met en boule et les braconniers n'ont qu'à se pencher pour le ramasser.
Un peu plus loin, une autre commerçante vend ses écailles encore plus cher: 66 euros les 40 grammes. "Le pangolin aide à éliminer les toxines. C'est vraiment de la bonne qualité et le prix est justifié", assure-t-elle.
Un troisième marchand, qui n'a pas d'écailles en boutique, explique pouvoir en fournir "sur commande spéciale".
Made in Africa
Hong Kong est une plaque tournante du commerce de pangolins, les trafiquants préférant débarquer leur marchandise dans l'ancienne colonie britannique, rendue à Pékin en 1997, où les sanctions sont moins sévères qu'en Chine continentale au cas où l'on se fait prendre.
La ville, qui jouit d'un statut d'autonomie et reste séparée par une frontière du reste de la Chine, est dans le collimateur des défenseurs de la nature pour son laxisme: la peine de deux ans de prison maximum pour trafic d'espèces en danger est rarement appliquée. Signe d'espoir: les tribunaux ont reçu des instructions pour monter à dix ans de prison à partir de mai prochain.
Les douanes ont aussi accru leurs inspections depuis la décision de la CITES. Quelque 7,7 tonnes d'écailles de pangolin ont été saisies l'an dernier, soit cinq fois plus qu'en 2016. Tous les pays d'origine se trouvaient en Afrique: Ghana, Mozambique, Nigeria et Afrique du Sud, selon des données officielles.
De l'autre côté de la frontière, en Chine continentale, la répression du trafic semble plus efficace.
Sur un marché de Canton, à une centaine de kilomètres de Hong Kong, certains vendeurs de médicaments traditionnels prennent la fuite lorsqu'on leur demande s'ils ont du pangolin.
"Je n'ai jamais entendu parler de ça", assure une vendeuse, alors qu'un de ses concurrents avait expliqué qu'on pourrait trouver chez elle des écailles de contrebande.
"C'est illégal et très difficile à trouver. On ne vous en donnera pas à moins que vous soyez déjà un bon client", explique un autre vendeur.
"Les autorités chinoises ont fait du bon boulot dernièrement pour démanteler les réseaux de contrebande et développer l'information sur la protection de ces animaux", déclare à l'AFP Alex Hofford, de l'association de protection de la faune WildAid.
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