"Pendant les 24 heures de ma garde à vue, j'ai essayé (...) de montrer que les indices graves et concordants qui sont la condition de la mise en examen n'existaient pas compte tenu de la fragilité du document ayant fait l'objet d'une enquête judiciaire et compte tenu des caractéristiques hautement suspectes et du passé lourdement chargé de (l'intermédiaire franco-libanais) M.Takieddine", a déclaré aux magistrats l'ancien président de la République, selon des propos reproduits sur le site du Figaro.
M. Sarkozy, qui a demandé en vain à être placé sous le statut de témoin assisté, a été mis en examen mercredi soir pour "corruption passive", "financement illégal de campagne électorale" et "recel de fonds publics libyens", avait précisé mercredi soir une source judiciaire à l'AFP.
"Je suis accusé sans aucune preuve matérielle par les déclarations de M. Kadhafi, de son fils, de son neveu, de son cousin, de son porte-parole, de son ancien Premier ministre et par les déclarations de M. Takieddine dont il est avéré à de multiples reprises qu'il a touché de l'argent de l'État libyen", assure M. Sarkozy.
"À propos de M. Takieddine, je voudrais vous rappeler qu'il ne justifie durant cette période 2005-2011 d'aucun rendez-vous avec moi", ajoute l'ancien président.
"Depuis le 11 mars 2011, je vis l'enfer de cette calomnie", a déclaré M. Sarkozy qui dit avoir "déjà beaucoup payé pour cette affaire" sur le plan politique: "j'ai perdu l'élection présidentielle de 2012 à 1,5% (face à François Hollande, NDLR). La polémique lancée par Kadhafi et ses sbires m'a coûté ce point et demi".
"Mis en examen ne vaut pas culpabilité"
Mediapart avait publié entre les deux tours de la présidentielle un document libyen accréditant un financement d'environ 50 millions d'euros, dont M. Sarkozy et ses soutiens ont constamment affirmé qu'il s'agissait d'un faux.
Par la suite, "M. Takieddine a toujours affirmé ne m'avoir jamais remis de liquide jusqu'au mois de novembre 2016. Très exactement trois jours avant le plus important débat qui opposait les candidats de la droite à la primaire. J'ai perdu la primaire et les déclarations de M. Takieddine n'y sont pas pour rien", poursuit M. Sarkozy, en référence à sa tentative de reconquête de l'Elysée de 2016.
L'ancien président, 63 ans, qui fut l'un des artisans de la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, tué en 2011 par les rebelles libyens, avait été placé en garde à vue mardi matin dans les locaux de l'office anticorruption (Oclciff) à Nanterre, près de Paris.
Sa mise en examen dans le dossier libyen marque un formidable coup d'accélérateur dans cette affaire instruite par des magistrats du pôle financier depuis près de cinq ans.
"Mis en examen ne vaut pas culpabilité", a réagi Laurent Wauquiez, ancien ministre et successeur de Nicolas Sarkozy à la présidence du parti Les Républicains (LR).
Quels sont les nouveaux éléments rassemblés par les magistrats pouvant mettre directement en cause l'ancien chef de l'Etat? Selon Le Monde, plusieurs anciens dignitaires du régime Kadhafi auraient livré de récents témoignages confirmant les soupçons de financement illicite.
Ziad Takieddine a lui-même assuré avoir remis entre fin 2006 et début 2007 trois valises contenant 5 millions d'euros en provenance du régime de Kadhafi à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant.
D'autres dignitaires libyens ont démenti tout financement de la Libye de Mouammar Kadhafi, que Nicolas Sarkozy avait reçu en grande pompe à l'Elysée en 2007.
Autre élément qui pourrait être compromettant pour Nicolas Sarkozy, un rapport de l'office anticorruption, daté de septembre, qui pointe une circulation importante d'espèces dans son entourage durant la campagne 2007.
Interrogés, Éric Woerth, trésorier de la campagne, et l'un de ses adjoints, Vincent Talvas, ont assuré que l'argent provenait de dons anonymes, une justification contestée par d'autres protagonistes de la campagne.
Les investigations ont aussi mis en lumière plusieurs opérations suspectes, notamment un virement de 500.000 euros perçu par Claude Guéant en mars 2008. L'ex-secrétaire général de l'Élysée est également mis en examen dans cette enquête notamment pour "blanchiment de fraude fiscale en bande organisée".
Cette affaire n'est pas la seule dans laquelle M. Sarkozy est mis en cause. Il a été renvoyé en correctionnelle en février 2017 par le même juge Serge Tournaire, pour financement illégal de campagne électorale, mais cette fois pour la présidentielle de 2012. Il a fait appel de ce renvoi.
Il est aussi menacé d'un procès dans l'affaire dite "des écoutes". Il est suspecté d'avoir tenté d'obtenir d'un magistrat à la Cour de cassation, Gilbert Azibert, des informations le concernant couvertes par le secret.
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