"Demain, le président annoncera les mesures qu'il a décidé de prendre sur la base de l'enquête au titre de l'article 301 (...) sur la façon dont la Chine (...) dérobe les technologies américaines et la propriété intellectuelle", a indiqué mercredi à l'AFP Raj Shah, porte-parole de la Maison Blanche.
Donald Trump signera "un memorandum présidentiel ciblant l'agression économique de la Chine", est-il également stipulé dans son agenda officiel mercredi soir, donnant le ton de la démarche.
Cette nouvelle offensive protectionniste est annoncée tout juste deux semaines après qu'il a promulgué des taxes de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, suscitant la réprobation internationale et de profondes critiques au sein même du camp républicain.
"Nous avons des preuves particulièrement solides que la Chine utilise des restrictions telles que la nécessité de (créer des) co-entreprises (...) dans le but d'exiger un transfert technologique d'entreprises américaines au profit d'entités chinoises", a fait valoir un responsable du représentant américain au Commerce (USTR) qui a requis l'anonymat, lors d'une conférence téléphonique.
Les Etats-Unis et la Chine sont aujourd'hui des partenaires étroitement liés sur le plan économique et financier. Pour autant, l'administration Trump accuse Pékin de "concurrence déloyale", en exportant vers la première puissance du monde des biens largement subventionnés vendus à bas prix, ce qui a conduit à un colossal déficit commercial.
L'an passé, les Etats-Unis ont enregistré avec le géant asiatique un déficit pour les seuls échanges de marchandises (hors services) de 375,2 milliards de dollars en augmentation de 8,1% sur un an.
Mise en garde chinoise
Avant même l'annonce américaine, qui fait l'objet d'intenses spéculations depuis plusieurs semaines, Pékin a lancé une vive mise en garde à Washington.
Appelant les Etats-Unis à "raison garder" et à ne pas agir "sous le coup de l'émotion", le Premier ministre chinois Li Keqiang a averti qu'une guerre commerciale entre les deux grandes puissances "ne profiterait à personne" et que nul n'en sortirait vainqueur.
Mercredi, le nouveau président de la Banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell a reconnu qu'une possible guerre commerciale entre les Etats-Unis et certains de ses partenaires commerciaux constituait désormais un risque "plus important" pour l'économie que par le passé.
Ces sanctions pourraient s'accompagner de mesures contre les investissements chinois aux Etats-Unis et concernant l'octroi de visas aux ressortissants chinois, indiquent les médias américains.
Pékin pourrait en rétorsion viser des produits agricoles américains comme le soja, le sorgho et les porcs en privilégiant les régions qui ont voté pour Donald Trump lors de l'élection présidentielle de 2016, un objectif que pourraient également viser d'éventuelles mesures de l'Union européenne, selon le Wall Street Journal.
Parallèlement à l'annonce de cette nouvelle offensive, Washington a joué la carte de l'apaisement avec l'Union européenne sur le contentieux acier et aluminium.
"Nous sommes convenus de lancer immédiatement un processus de discussions avec le président et l'administration Trump sur les dossiers commerciaux qui nous préoccupent, incluant l'acier et l'aluminium, pour trouver une solution mutuellement acceptable aussi rapidement que possible", ont ainsi annoncé le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross et la Commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström dans un communiqué commun.
Le président américain avait provisoirement exempté des taxes sur l'acier et l'aluminium le Canada et le Mexique, partenaires des Etats-Unis au sein de l'accord nord-américain de libre-échange (Aléna). Le ministère du Commerce américain a également ouvert lundi un processus d'exemption qui peut permettre à des entreprises basées aux Etats-Unis de ne pas pâtir de ces taxes.
En principe, M. Trump avait donné un délai de 15 jours avant d'appliquer formellement sa décision qui doit expirer en fin de semaine. Mais M. Lighthizer a précisé mercredi lors d'une audition au Congrès que les pays et entreprises qui avaient engagé des négociations avec les autorités américaines pour en être exemptés bénéficieraient d'un sursis supplémentaire.
Cecilia Malmström avait fait le déplacement dans la capitale américaine avec la volonté de faire exempter l'Union européenne "dans son ensemble". Ses entretiens ont également porté sur la surproduction chinoise pour les deux produits visés par les taxes américaines.
Elle a redécollé mercredi soir pour regagner Bruxelles où elle devrait faire rapport jeudi au Parlement européen.
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