"Le défi adressé par la Russie va durer pendant des années. Unis, nous pourrons le vaincre", doit plaider Mme May. Ce sera son message pour le sommet qui réunit les chefs d'Etat ou de gouvernement de l'Union européenne jusqu'à vendredi à Bruxelles.
La Russie l'écoutera si les 28 adoptent une "déclaration forte" jeudi soir pendant leur dîner de travail, résume un responsable européen.
Mais les capitales européennes sont divisées sur l'attitude à adopter face à Moscou et le projet de déclaration préparé pour ce sommet est le reflet des "différentes opinions", soulignent des diplomates en poste à Bruxelles.
Il y a le camp des "durs", partisans du langage fort. "Il n'y a pas d'explication plausible autre que la responsabilité de la Russie", ont-ils argué avant le sommet.
Mais ces derniers devront composer avec les pays réticents à une escalade des tensions avec la Russie de Vladimir Poutine.
L'Italie, la Grèce, l'Autriche, Chypre veulent conserver leurs bonnes relations avec Moscou et ont obtenu une formulation atténuée dans laquelle ils disent prendre "très au sérieux l'évaluation du gouvernement britannique selon laquelle il est très probable que la Fédération de Russie est responsable", selon un projet de conclusions obtenu par l'AFP.
Les "durs" l'ont acceptée lors de la réunion des ministres européens des Affaires étrangères lundi à Bruxelles "parce qu'il fallait une déclaration à 28", a expliqué une source diplomatique, sous couvert de l'anonymat.
"C'est une affaire très sensible. Nous devons la traiter avec prudence et collectivement. Ils ne faut pas tirer trop vite", a expliqué par ailleurs le représentant d'un autre Etat-membre.
Une affaire 'très grave'
Theresa May va tenter convaincre ses pairs de "muscler" cette partie de la déclaration.
Mais sans preuves tangibles contre Moscou, ce sera mission impossible, avertit un diplomate. "Pas question de changer le langage. Il n'y a pas de raisons", a fait savoir une source diplomatique d'un pays opposé au durcissement de la déclaration des 28.
Certains Etats espèrent la présentation de nouveaux éléments de preuve par Londres. Mais plusieurs de leurs partenaires restent dubitatifs.
La coopération de Moscou à l'enquête menée en Grande-Bretagne sur l'empoisonnement de l'ancien agent Sergueï Skripal et sa fille le 4 mars à Salisbury, en Angleterre sera déterminante.
"L'affaire est très grave. Elle doit sonner l'alerte pour l'Union européenne", ont estimé plusieurs responsables européens à la veille du sommet.
"Il faut voir comment nous préparer aux conflits hybrides et à la doctrine russe qui consiste à engager une sorte de harcèlement qui reste toujours en dessous du seuil", a expliqué l'un d'entre eux.
Le ministère russe des Affaires étrangères a organisé sa réponse mercredi en fustigeant les "incohérences" des accusations britanniques. Mais la réunion à Moscou a été snobée par les ambassadeurs britannique, français et américain.
Commerce, Brexit et zone euro
De fait, faute de preuves, les dirigeants européens ne devraient pas discuter de nouvelles sanctions contre Moscou.
La Pologne l'a demandé, mais cette option est a priori exclue. Il faut l'unanimité et il est impossible de trouver un consensus à ce jour, ont souligné plusieurs délégations européennes.
La Russie est déjà sous le coup de sanctions économiques décidées en 2014 pour punir l'annexion de la Crimée et le soutien présumé de Moscou aux séparatistes en Ukraine.
Ces sanctions ont été renouvelées le 13 mars pour six mois et il n'est "pas question de les assouplir", ont affirmé des diplomates.
Les relations avec la Russie seront discutée lors du dîner jeudi.
"La grande discussion de jeudi après-midi sera la politique commerciale" avec la décision du président américain Donald Trump d'imposer des droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium. L'UE veut être exemptée de cette mesure qui vise essentiellement les surcapacité de la Chine.
La seconde journée du sommet, vendredi, sera consacrée à une discussion à 27, sans Theresa May, sur la future relation post-Brexit avec le Royaume-Uni.
Elle sera suivie, en format encore plus réduit, par un débat entre les 19 pays membre de la zone euro sur l'avenir de l'Union économique et monétaire (UEM).
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