A ces enjeux communs s'ajoutent des revendications propres. Sept syndicats (sur neuf) de la fonction publique mobilisés (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC), premiers à appeler à cette journée de grève, réclament notamment une hausse de leur pouvoir d'achat. Les cheminots, qui ont choisi le même jour pour défiler, défendent eux l'avenir du rail.
Leur "combat commun pour l'intérêt général" se traduira à Paris par des retrouvailles place de la Bastille, où convergeront deux cortèges: celui des cheminots, partant de gare de l'Est, et celui des fonctionnaires au départ de Bercy.
En régions, les syndicats du secteur public prévoient environ 180 manifestations et rassemblements. Des cheminots grossiront les rangs.
Pour défendre le "service public" ferroviaire, une douzaine de partis de gauche - d'EELV au NPA en passant par le PCF et La France insoumise - défileront aux côtés des cheminots. Mais aussi Florian Philippot (ex-FN).
Face à ce qui constitue un premier test social d'envergure, le gouvernement affiche sa "très grande détermination à poursuivre les transformations" de la France. "Notre préoccupation est de nous assurer que les fils du dialogue et de la concertation sont toujours là", a insisté le porte-parole Benjamin Griveaux, au sujet de la SNCF.
Quant aux fonctionnaires, des discussions sont prévues jusqu'à fin octobre, a rappelé le secrétaire d'État à la Fonction publique Olivier Dussopt, réitérant sa volonté d'être "à l'écoute" des syndicats et l'engagement du gouvernement envers un service public "de qualité".
'Coup de semonce'
C'est la seconde fois depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron que les agents publics se mobilisent, après le 10 octobre où des centaines de milliers d'entre eux ont battu le pavé contre la suppression annoncée de 120.000 postes, le rétablissement du jour de carence et le gel des salaires.
Depuis, Édouard Philippe a dévoilé un projet de réforme qui prévoit un recours accru aux contractuels (agents non statutaires) et des plans de départs volontaires, ce qui fait craindre aux syndicats une fonction publique "morcelée" et "externalisée".
"Nous sommes aujourd'hui à un tournant pour la fonction publique, avec des mesures structurantes" qui "auraient des conséquences très lourdes", a averti Bernadette Groison (FSU) au nom de l'intersyndicale.
Côté cheminots, la colère est vive face à la volonté du gouvernement de réformer la SNCF par ordonnances, en la transformant en société anonyme et en abandonnant le statut de cheminots à l'embauche.
Avant même la grève prévue entre début avril et fin juin, le trafic SNCF sera déjà "très perturbé" jeudi avec deux TGV sur cinq en circulation, un TER sur deux, un Transilien sur trois, un Intercité sur quatre, trois trains internationaux sur quatre.
La manifestation à Paris est "un coup de semonce" et "tout porte à croire qu'à partir du 3 avril, ce sera fort également", a averti Roger Dillenseger (Unsa). En faisant grève massivement jeudi, les cheminots dénoncent "la volonté de la ministre (des Transports Élisabeth Borne) de refuser de vraies négociations et de passer en force", selon Erik Meyer (SUD).
De son côté, l'appel à la grève dans la fonction publique entraînera des perturbations dans le trafic aérien, avec 30% des vols annulés au départ et à l'arrivée des aéroports de Roissy, Orly et Beauvais. Les contrôleurs aériens réclament en outre plus d'effectifs.
Dans les écoles maternelles et primaires, un enseignant sur quatre sera en grève en moyenne, d'après le SNUipp-FSU (1er syndicat), avec de fortes disparités selon les départements (20% en Dordogne, près de 55% en Seine-Saint-Denis). Dans le second degré, les professeurs ne sont pas tenus de se déclarer à l'avance.
Parmi les autres secteurs qui pourront être touchés figurent les crèches, l'examen du permis de conduire, les bibliothèques ou la collecte des ordures, à Paris notamment.
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