"Nous demandons un mandat afin que, en tant qu'organisme de réglementation, nous puissions fouiller les serveurs, effectuer une vérification des données", a expliqué mardi sur BBC Radio 4 Elizabeth Denham, à la tête de l'Information Commissionner's Office (ICO), autorité indépendante chargée de réguler le secteur et de protéger les données personnelles.
Le régulateur britannique a affirmé qu'il avait demandé dès le 7 mars à Cambridge Analytica d'accéder à ses dossiers et données mais n'avoir pas obtenu de réponse "dans les délais impartis". D'où la demande de mandat pour enquêter.
Mme Denham a également précisé avoir demandé et obtenu du réseau social Facebook qu'il arrête sa propre enquête sur Cambridge Analytica car elle pouvait potentiellement compromettre celle du régulateur. L'ICO veut savoir "s'il y avait ou non un consentement suffisant" des utilisateurs de Facebook "pour partager leurs données avec l'application".
Une commission parlementaire britannique a par ailleurs demandé mardi au patron de Facebook, Mark Zuckerberg, de comparaître devant elle, estimant que ses explications officielles jusqu'ici "ont constamment sous-estimé le risque" d'acquisition de données personnelles d'utilisateurs sans leur consentement et se sont ont avérées "trompeuses". Les parlementaires souhaitent une réponse de Mark Zuckerberg d'ici lundi.
Lundi soir, Cambridge Analytica (CA) a "nié fermement" avoir récupéré sans leur consentement les données de 50 millions d'utilisateurs de Facebook afin de peser dans la campagne présidentielle de Donald Trump.
Prostituées
En outre, des cadres dirigeants de CA sont accusés d'avoir voulu piéger des hommes politiques en tentant de les corrompre ou avec l'aide de prostituées.
La chaîne de télévision Channel 4 News a diffusé lundi soir une enquête dans laquelle le directeur général de CA, Alexander Nix, apparaît en caméra cachée. Interrogé par un reporter qui se fait passer pour l'intermédiaire d'un riche Sri Lankais qui souhaite voir des candidats élus, Alexander Nix suggère des techniques pour mettre en difficulté un rival politique.
Ainsi, offrir "une grosse somme d'argent au candidat pour financer sa campagne en échange de terrains par exemple, nous aurons tout enregistré et nous effacerons le visage de notre type et posterons la vidéo sur internet", ou encore "envoyer des filles autour de la maison du candidat".
"Nous pourrions amener des Ukrainiennes en vacances avec nous, vous voyez ce que je veux dire", dit-il, ajoutant que les Ukrainiennes "sont très belles, je trouve que ça marche très bien".
Interrogé dans le quotidien The Times, ALexander Nix a démenti avoir tenté de piéger des hommes politiques.
"Je ne savais pas dans quoi je me lançais et le gars commence à dire: +nous devons changer le paysage politique, j'ai besoin de piéger les politiciens, comment pouvons-nous faire ça?+ J'ai donc repris quelques exemples et j'ai dit que vous pouviez faire ceci ou cela", a affirmé Alexander Nix.
Il a défendu la moralité de son entreprise: "nous travaillons uniquement pour les partis politiques traditionnels lors d'élections libres et justes, dans des démocraties libres et équitables et nous sommes fiers du travail que nous faisons". M. Nix a également envisagé son départ si le conseil d'administration le lui demandait.
Dans un communiqué, CA a estimé que le reportage avait été "édité et scénarisé pour déformer grossièrement la nature de ces conversations et la manière dont l'entreprise gère ses affaires".
Lundi, Downing Street avait jugé "très préoccupantes" les premières accusations révélées par les journaux américain New York Times et britannique Observer et la chaîne de télévision britannique Channel 4 News. CA avait précisé dans un communiqué "n'avoir pas travaillé sur le référendum sur le Brexit au Royaume-Uni".
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