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Au Venezuela, la solidarité au menu d'une favela de Caracas

Au milieu des toits en tôle et des constructions précaires en briques, des dizaines d'enfants font la queue devant une maison de cette favela de Caracas: à l'intérieur, un repas chaud les attend, véritable luxe dans un Venezuela en crise.

Au Venezuela, la solidarité au menu d'une favela de Caracas
Gabriela Vega prépare dans sa cuisine un repas pour la cantine solidaire qu'elle dirige dans la favela La Vega, le 28 février 2018 à Caracas, au Venezuela - FEDERICO PARRA [AFP/Archives]

De la fenêtre, s'échappe une prière. "Mon Dieu, aide ceux qui n'ont rien à manger", récitent-ils avant d'avaler la première bouchée. Au menu, de la soupe aux légumes avec des morceaux de boeuf.

Il faut manger vite, pour laisser la place aux autres: 85 jeunes habitants du quartier de La Vega, dont certains en uniforme d'écolier, viennent ici du lundi au vendredi par petits groupes. Dans ce pays où règne une pénurie généralisée, ils n'ont souvent rien dans le ventre.

"Le seul endroit où ils mangent de la viande, c'est ici, et pour beaucoup, c'est le seul repas de la journée", explique Gabriela Vega, dynamique métisse de 35 ans qui dirige cette cantine solidaire de quartier fonctionnant grâce aux dons des ONG.

Selon une étude de l'organisation Caritas publiée en août, la malnutrition touche 15,5% de la population dans les trois Etats les plus peuplés du pays.

Beaucoup d'enfants se rabattent sur le manioc, aliment prisé des Vénézuéliens pour son faible coût. Mais qui peut se révéler mortel s'il est confondu avec une variété très semblable mais toxique: en février, six enfants et un adulte sont morts pour en avoir mangé, selon la députée de l'opposition Karin Salanova. Une douzaine de décès ont été recensés en 2017.

Yuleidis Marcano, 26 ans, son bébé de deux mois dans les bras, en sait quelque chose. Fin 2017, elle, son mari et leurs six enfants ont failli mourir empoisonnés de cette manière.

"Ma fille Valeria - âgée de six ans - et mon mari étaient au plus mal", se souvient-elle. A cause de la crise qui frappe le Venezuela, "on n'a presque jamais à manger", dit-elle les yeux baissés.

De 68 à 47 kilos

Le gouvernement socialiste du président Nicolas Maduro, qui rejette la notion de crise alimentaire, assure avoir réduit la pauvreté extrême à 4,4% de la population en 2017. Une étude de trois universités locales la situe plutôt à 61,2%.

Dans ce contexte difficile, Gabriela Vega essaye de varier le menu. "Le lundi on prépare des légumes secs, le mardi des pâtes avec de la viande hachée, le mercredi de la soupe, le jeudi des pomme de terre avec des oeufs et le vendredi de la banane plantain avec de la saucisse", énumère cette éternelle optimiste aidée par les mères du quartier.

Fermina Nuñez, Colombienne de 47 ans arrivée au Venezuela il y a 14 ans, trouve ici une bouée de secours pour ses deux enfants.

"Je pesais 68 kilos et désormais j'en suis à 47", raconte-t-elle en attendant que sa progéniture termine de manger.

Selon l'étude universitaire, six Vénézuéliens sur 10 ont perdu en moyenne 11 kilos l'an dernier.

Le gouvernement a lancé en 2016 un programme de vente d'aliments à prix subventionnés dans les quartiers populaires au bénéfice, assure-t-il, de six millions de familles, mais les critiques pleuvent sur le manque de régularité des livraisons.

Le salaire minimum du mari de Fermina, fonctionnaire, ne permet d'acheter qu'un "carton d'oeufs, un peu de fromage et parfois un peu de farine", détaille-t-elle. Elle fait en plus des ménages "pour acheter au moins du pain ou du manioc".

En même temps qu'elle combat la faim, Gabriela tente d'exorciser un passé qu'il l'a conduite en prison pour vol.

Mère de trois enfants, elle ne veut pas que les jeunes "admirent un délinquant avec une arme" et organise pour eux des activités "pour qu'ils voient qu'il y a des choses à faire au delà de la colline" de leur bidonville.

Arrêter de servir des repas est la plus grande angoisse de "Gaby". Lorsqu'elle a fermé deux semaines pour les vacances, elle a vu des enfants pleurer de faim. "J'ai peur de ne pas pouvoir continuer".

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