Cet artiste conceptuel de 44 ans partage sa vie entre Buenos Aires, sa ville natale, et Montevideo, petite capitale à taille humaine de l'Uruguay voisin.
Dans son usine à rêves du quartier résidentiel de Villa Crespo, à Buenos Aires, un atelier sur trois étages protégé de la rue par un grand portail métallique, Leandro Erlich façonne les installations qui font ensuite sensation à Londres, Paris ou New York.
Il a séduit un public connaisseur ou populaire, et la critique. La plus grande exposition de son oeuvre - 44 pièces - a déjà attiré 400.000 visiteurs au musée Mori de Tokyo.
"Erlich stimule les sens et pas seulement l'intellect. Il propose de vivre une expérience, comme quand on va au théâtre", explique Andrès Duprat, directeur du Musée des beaux arts de Buenos Aires.
"Non seulement ses oeuvres transcendent le petit monde de l'art, mais elles touchent un public beaucoup plus large", fait-il remarquer. "Ce n'est pas quelqu'un qui fait des trucages car il les montre. Une fois qu'on réussit à décoder la situation, on commence à savourer son oeuvre, qui invite à la réflexion".
Artisans et designers
Des bateaux qui naviguent sans être dans l'eau, des piscines dans lesquelles marchent des personnes habillées, des ascenseurs dont les miroirs ne renvoient pas l'image de celui qui entre. Les installations de Leandro Erlich ne laissent personne indifférent.
"Quand une oeuvre est bien accueillie, c'est une grande satisfaction. Cela ouvre des opportunités pour continuer. Concrètement, ce sont toujours des projets très difficiles à réaliser", confie l'artiste à une journaliste de l'AFP.
"Il n'y a pas un format unique", dit-il. "J'ai fait de la vidéo, des sculptures, de la photographie et des installations, bien sûr. L'idée de l'art conceptuel est suffisamment étendue pour inclure toutes les formes d'expression".
Ses oeuvres jouent avec illusions d'optique et perceptions acoustiques. Il travaille dans son atelier de Buenos Aires avec des artisans et des designers.
L'équipe qui l'accompagne, raconte-t-il, "s'est formée au fur et à mesure des besoins. Il y a 15 ou 16 ans, je faisais un ou deux projets par an. Aujourd'hui quatre, plus la production des oeuvres".
Il explique avoir trouvé à Montevideo un refuge, "la distance" nécessaire pour travailler. "J'ai vécu longtemps loin de Buenos Aires, cinq ans aux Etats-Unis, cinq ans en France, avant de revenir en Amérique du sud".
Oeuvre 'participative'
Dans la capitale uruguayenne, il puise son inspiration, réfléchit. "J'ai du mal à travailler dans des endroits où la stimulation, le bruit sont trop présents". "Avec la mondialisation, le globe s'est rétréci. Mon univers est indiscutablement très Rioplatense", dit-il en référence au Rio de la Plata, l'estuaire qui sépare Argentine et Uruguay.
A Buenos Aires, on se souvient de sa déconstruction du monument emblématique de la ville, en 2015. Sa pointe a été recouverte d'un socle carré, donnant l'impression qu'elle avait été sectionnée. En parallèle, une réplique de la pointe avait été fabriquée et installée dans un musée. "L'idée était que les gens s'approprient le monument", qui ne peut pas être visité de l'intérieur.
Dans "L'immeuble" (El Edificio), les visiteurs d'une dizaine de pays se sont allongés sur une façade d'immeuble posée à même le sol, qui se reflète sur un miroir dressé à côté. "Toute mon oeuvre a un caractère participatif", dit-il.
Cet artiste qui voit l'art comme "facteur d'intégration" a notamment exposé à la Biennale de Venise (2005), au Musée national Reina Sofía de Madrid (2008), au Musée d'art moderne de New York (2008) et au Centre Georges Pompidou de Paris (2011).
Au Bon Marché, un magasin du coeur de Paris, il a imaginé un enchevêtrement d'escaliers mécaniques qui a surpris les habitués du lieu, dont il a également décoré le plafond d'un ciel bleu parsemé de nuages.
Ce qui le guide, dit-il, "n'a jamais été la reconnaissance. Le point de départ, c'est la passion pour les défis, pouvoir exprimer mes idées".
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