Le chef de l'Etat a choisi "le temple" de la défense du français, l'Institut de France, pour prononcer un discours "positif" à l'occasion de la Journée internationale de la francophonie.
Il présentera devant les membres de l'Académie française mais aussi 300 jeunes "une vision nouvelle, décomplexée, de la francophonie et du multilinguisme", précise l'Elysée.
Une trentaine de mesures devraient être annoncées pour améliorer l'enseignement du français, promouvoir sa place -de plus en plus contestée- dans les enceintes internationales et soutenir les artistes qui l'utilisent, comme les écrivains ou les musiciens.
"Je ne fais pas partie des défenseurs grincheux" de la langue française, mais "je suis un défenseur conquérant et ambitieux", a lancé début mars Emmanuel Macron en accueillant le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard.
A ce titre, il n'hésite pas à bousculer les tenants sourcilleux de la prééminence de la langue française en toute occasion.
En Inde récemment, comme à Davos ou devant des patrons étrangers, il s'est ainsi exprimé en anglais là où ses prédécesseurs, moins à l'aise dans cette langue, privilégiaient toujours le français. Sur les réseaux sociaux, son tweet le plus partagé est "Make our planet great again", lancé pour répliquer à Donald Trump après l'annonce du retrait des Etats-Unis de l'accord sur le climat.
'avatar du colonialisme'
Parallèlement, Emmanuel Macron s'est montré à plusieurs reprises offensif sur la francophonie. Il a appelé à relever "le défi" de faire du français "la première langue de l'Afrique" dans son discours "à la jeunesse africaine" à Ouagadougou en novembre.
C'est en effet grâce au dynamisme démographique de l'Afrique que la francophonie est l'espace linguistique à la plus forte croissance: +143% prévu entre 2015 et 2065 (+62% pour l'anglais), selon l'ONU. D'ici à 2065, un milliard de personnes devrait parler français, soit cinq fois plus qu'en 1960, au deuxième rang des langues internationales derrière l'anglais et au troisième des langues les plus parlées (internationales ou pas).
Le français est actuellement cinquième après le mandarin, l'anglais, l'espagnol et, suivant les estimations, l'arabe ou l'hindi, selon l'Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Ces dernières années, l'Afrique a fourni 80% de la croissance, ajoute l'OIF.
Il faut donc avoir "une conception ouverte" de la francophonie en prenant acte que "le français est désormais plus parlé hors de France que sur le territoire national", indique-t-on à l'Elysée.
Mais certains intellectuels africains estiment que Paris, en promouvant ainsi la francophonie, n'a pas encore tourné la page du passé colonial. "La francophonie est malheureusement encore perçue comme la continuation de la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies", explique l'écrivain Alain Mabanckou pour justifier son refus de collaborer avec Leïla Slimani, romancière franco-marocaine que M. Macron a nommée sa "représentante personnelle pour la francophonie".
"Il faut en finir avec cette affirmation -saugrenue- qui voudrait faire de la francophonie un avatar du colonialisme", a réagi la Canadienne native d'Haïti Michaëlle Jean, secrétaire générale de l'OIF, qui regroupe 84 Etats et gouvernements.
Au delà de l'Afrique, Emmanuel Macron veut accentuer les efforts pour augmenter le nombre d'apprenants du français par internet, par l'implantation d'universités et de grandes écoles à l'étranger et par une meilleure formation des professeurs. A New Delhi, il a ainsi appelé à doubler le nombre d'étudiants indiens accueillis en France pour le porter à 10.000 d'ici 2020.
Il devrait en outre annoncer des mesures pour aider les réfugiés débarqués en France à apprendre le français.
Avant de prononcer son discours, M. Macron recevra à déjeuner une quinzaine d'acteurs de la francophonie, dont la chanteuse malienne Rokia Traoré, le rappeur MHD ou l'écrivain algérien Kamel Daoud.
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