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Poutine renforcé face aux Occidentaux par sa réélection triomphale

Vladimir Poutine, réélu avec le score le plus élevé en plus de 18 ans de pouvoir, se trouvait en position de force face aux Occidentaux qui le boudent plus que jamais --Washington n'avait toujours pas réagi lundi soir-- depuis l'affaire de l'ex-espion russe empoisonné en Angleterre.

Poutine renforcé face aux Occidentaux par sa réélection triomphale
Le président russe Vladimir Poutine lors d'un rassemblement et un concert à Moscou pour le 4e anniversaire de l'annexion de la Crimée, le 18 mars 2018 - Kirill KUDRYAVTSEV [AFP]

Avec 76,7%, soit plus de 56 millions de voix, il est arrivé très loin devant ses adversaires avec une participation supérieure à la présidentielle de 2012, au prix selon l'opposition et d'ONG russes de milliers d'irrégularités: bourrages d'urnes et électeurs emmenés par autocars entiers sous la pression de leurs employeurs.

Vladimir Poutine s'impose ainsi plus que jamais comme étant l'homme fort d'une Russie qu'il a replacée au premier rang sur la scène internationale, au prix de tensions croissantes avec les Occidentaux.

S'il s'est dit lundi prêt au dialogue avec tous les autres pays, il a prévenu: "Comme en amour, il faut que les deux parties y aient un intérêt, sinon il n'y aura pas d'amour".

Il a aussi semblé vouloir désamorcer ses déclarations très martiales de la campagne électorale, pendant laquelle il avait vanté les nouvelles capacités militaires de la Russie et ses missiles nucléaires "invincibles", assurant vouloir réduire les dépenses militaires en 2018 et 2019 et réfutant toute "course aux armements".

A l'inverse des messages qui ont afflué des dirigeants des pays alliés comme la Chine et le Venezuela, les Occidentaux ont semblé traîner les pieds pour le féliciter, Washington gardant toujours le silence lundi soir.

Le président français Emmanuel Macron, attendu en Russie en mai, a adressé lundi après-midi à Vladimir Poutine "ses vœux de succès pour la modernisation" de son pays, soulignant sa "préoccupation" au sujet des opérations militaires menées en Syrie par ses alliés de Damas et Ankara.

En début de soirée, la chancelière allemande Angela Merkel a "chaleureusement" félicité le président russe, l'appelant à "poursuivre le dialogue" afin de trouver des "solutions" aux "défis bilatéraux et internationaux".

Le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland, a toutefois appelé lundi Vladimir Poutine à "participer activement" à cette organisation, privée de l'importante contribution budgétaire russe depuis juin 2017, pour cause de sanctions européennes en riposte à l'annexion de la Crimée.

La victoire de Vladimir Poutine a en revanche été rapidement saluée par les chefs d'Etat chinois Xi Jinping, iranien Hassan Rohani, vénézuélien Nicolas Maduro... Le président syrien Bachar al-Assad et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, entre autres, ont aussi félicité M. Poutine.

Alimenté par le conflit syrien, la crise ukrainienne ou les accusations d'ingérence russe dans l'élection de Donald Trump, le climat de Guerre froide qui s'est instauré au cours de son dernier mandat s'est encore alourdi depuis que Londres accuse Moscou d'avoir empoisonné un ex-espion russe au Royaume-Uni.

Pas jusqu'à 100 ans

Quasiment muet jusque-là sur l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille, le président russe a assuré, dans sa première conférence de presse après l'élection, qu'accuser la Russie était "du grand n'importe quoi".

Il a ajouté que Moscou était "prêt à coopérer" avec Londres sur l'enquête, mais les échanges d'accusations et de démentis entre les deux pays ont repris de plus belle lundi.

Aux commandes de la Russie depuis 1999 en tant que président ou Premier ministre, M. Poutine peut donc rester au Kremlin pour un quatrième mandat l'installant au pouvoir jusqu'en 2024, année où il fêtera ses 72 ans.

Interrogé dimanche soir sur l'éventualité d'une candidature après 2024, M. Poutine a répondu : "Vous devez plaisanter. Qu'est-ce je dois faire ? Rester ici jusqu'à mes 100 ans ? Non".

Après dépouillement de 99,8% des bulletins, M. Poutine a largement devancé son principal adversaire, le candidat du Parti communiste Pavel Groudinine, qui n'a obtenu que 11,79% des voix, devant l'ultranationaliste Vladimir Jirinovski (5,66%) et la journaliste proche de l'opposition libérale Ksenia Sobtchak (1,67%).

La participation, de 64,7%, légèrement supérieure à celle de 2012, a été portée par les vastes efforts déployés par le Kremlin pour mobiliser des électeurs à se rendre à une élection dont l'issue ne faisait aucun doute.

Selon les observateurs de l'OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe), la présidentielle s'est dans l'ensemble correctement déroulée malgré un "manque de véritable concurrence" et des irrégularités destinées à accroître la participation. L'UE a appelé Moscou à "s'attaquer aux violations et aux lacunes signalées" par l'OSCE.

Plus sévère, l'opposition russe, et en premier lieu l'adversaire le plus acharné du pouvoir Alexeï Navalny, interdit de participation au scrutin et qui avait appelé au boycott, a accusé les autorités d'avoir gonflé le taux de participation en recourant de nombreuses fraudes, dont le bourrage d'urnes et le transport massif d'électeurs vers les bureaux de vote.

L'ONG russe Golos a recensé près de 3.000 irrégularités.

La présidente de la Commission électorale Ella Pamfilova a estimé que les élections avaient été "transparentes au maximum", en passant en revue en direct à la télévision quelques cas de fraudes signalés.

"Notre peuple s'unit toujours dans les moments difficiles. Plusieurs dirigeants étrangers ont apporté leur contribution. Un grand merci à eux", a-t-elle observé.

"Nous devons remercier la Grande-Bretagne (...) Encore une fois, on nous a mis la pression pile au moment où nous devions nous mobiliser", a ironisé Andreï Kondrachov, le porte-parole du QG de campagne de M. Poutine.

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