Frania Eisenbach-Haverland avait 19 ans lorsqu'elle est arrivée à Paris, seule, après d'inqualifiables années passées dans des camps nazis lors de la Seconde guerre mondiale. C'est la seule survivante de sa famille polonaise. Ses deux frères et ses parents sont morts dans les camps.
C'est pour témoigner de ces sombres années de l'Europe que Frania Eisenbach-Haverland fait le tour des collèges et lycées de l'agglomération rouennaise (Seine-Maritime) jusqu'au mercredi 21 mars 2018.
À 92 ans, elle est pleine d'énergie et s'active pour faire passer son message. C'est au travers d'un livre, Tant que je vivrai, publié en 2007, qu'elle se dévoile et lors de conférences, entretiens, interviews. Elle ne s'arrête pas depuis la sortie du film "La liste de Schindler", en 1994, qui a été pour elle un déclic parce qu'il évoque le camp de Płaszów (Pologne), où elle est restée le plus longtemps, et qu'elle a dû témoigner de la véracité des faits racontés.
Témoigner et alerter
Les témoignages sont, pour elle, essentiels car "les dernières voix s'éteignent" :
L'importance du témoignage pour Frania Eisenbach-Haverland
Frania Eisenbach-Haverland témoigne, mais alerte également car "l'antisémitisme est toujours là", explique-t-elle. "Il y a toujours le rejet de l'autre qu'on ne connaît pas et l'être humain a toujours besoin d'avoir un bouc émissaire. Le responsable est alors toujours le juif, le noir, le musulman."
"J'ai l'impression de ne pas parler pour rien"
Lors de ses interventions, Frania Eisenbach-Haverland peut échanger avec les adolescents rencontrés, souvent bouleversés : "Une élève m'a dit 'je ne suis pas la même et je vous promets de ne plus jamais baisser les bras'. J'ai l'impression de ne pas parler pour rien."
Elle demande ensuite aux jeunes de partager autour d'eux ce qu'ils ont appris, "c'est peut-être naïf mais je pense que leur inculquer cette 'moins peur de l'autre', c'est la seule solution que je vois pour qu'ils vivent dans un monde sans guerre, sans rejet de l'autre. C'est l'espoir qui me fait vivre."
Frania Eisenbach-Haverland n'est jamais retournée en Pologne.
"Une nécessité de parler"
C'est son ami et préfacier, Rémi Picard, qui l'a fait venir dans la région. "C'est une nécessité de parler à l'heure où les vagues populistes réapparaissent en Europe", rappelle-t-il.
Il a organisé les prochaines rencontres avec les élèves, lundi 19 mars 2018 aux lycées Raymond-Queneau d'Yvetot et Thomas-Corneille de Barentin et mardi 20 mars 2018, au collège Jean-Jacques-Rousseau de Darnétal et au lycée Jeanne-d'Arc de Rouen.
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