La première femme députée de l'île est arrivée en tête avec 36,15% des voix, devant le candidat LR Elad Chakrina (32,59%), qui avait obtenu mercredi le soutien inédit de la présidente du FN Marine le Pen.
En juin 2017, se présentant alors sous l'étiquette PS (elle a ensuite siégé au sein du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale), Mme Ali avait obtenu au premier tour 16,81% des voix, au coude à coude avec M. Chakrina (16,82%). Le second tour aura lieu dimanche prochain.
Dans un contexte rendu difficile par un mouvement de contestation populaire qui paralyse le territoire depuis près d'un mois, le taux d'abstention s'élève à 69,61%. Un taux toutefois comparable aux législatives partielles organisées ces dernières semaines en métropole.
Sans lien avec le résultat, les organisateurs du mouvement de contestation populaire ont annoncé dimanche le durcissement du mouvement à partir de lundi, avec "un renforcement des barrages".
Quelques incidents ont émaillé le scrutin, notamment à Mtsamboro (nord-ouest) où, dans deux bureaux de vote, "deux individus ont pris les urnes et sont partis, avant de revenir avec quelques minutes plus tard", a indiqué le maire Harouna Colo à l'AFP. "D'après les présidents des deux bureaux, rien n'a changé dans les urnes," a précisé l'élu.
La préfecture a confirmé que les urnes avaient été brièvement subtilisées mais pas violées. Les voleurs sont en garde à vue.
A Acoua (nord-ouest), les neuf bureaux de vote avaient été bloqués à l'ouverture, parfois fermés avec de la glu, selon la mairie, qui a dépêché les services municipaux pour les dégager.
A Longoni (nord), un journaliste de Mayotte la1ere a indiqué sur Twitter qu'il était "impossible d'atteindre le village".
Dans les 176 bureaux de vote, parfois difficiles d'accès à cause des barrages, l'affluence a été relativement faible. Mais, quoique gréviste, Toilianti Soihili, 26 ans, est venue car "on a le droit de vote, c'est un acte important".
"Comme l'élection a été maintenue, on n'a pas le choix, il faut voter", dit une autre électrice. "Mais vu le contexte, on n'a pas trop le sentiment de faire quelque chose pour l'avenir. C'est juste un devoir, on n'attend rien de particulier", ajoute cette mère de famille.
Son frère, qui habite en dehors de la ville, "voulait aller voter, mais c'est trop dangereux, il n'a pas pu passer".
La plupart des élus et les organisateurs du mouvement avaient demandé le report du scrutin mais le préfet de Mayotte leur a opposé une fin de non-recevoir, assurant que l'État prendrait "toutes les dispositions pour assurer le bon déroulement du scrutin".
Outre les difficultés de certains électeurs pour accéder aux bureaux de vote, les élus avaient fait valoir que les conditions de sécurité n'étaient pas garanties et ont souligné les difficultés de campagne des candidats.
Appel au boycott
Un porte-parole du mouvement social, Salim Nahouda, avait appelé la population à boycotter le scrutin.
Ahamada Haribou, directeur général adjoint des services à la mairie de Mamoudzou, a souligné que "beaucoup d'électeurs votent à Mamoudzou mais habitent hors Mamoudzou".
Dans ce contexte particulier, les électeurs devaient choisir entre huit candidats, dont les deux finalistes de juin.
L'élection de Ramlati Ali a été annulée le 19 janvier après un recours de son opposant, l'avocat Elad Chakrina, le Conseil constitutionnel ayant considéré que, eu égard au "faible écart de voix" entre eux, "la sincérité du scrutin (avait) été altérée".
Mme Ali a été mise en examen le 14 février pour complicité de fraude électorale dans une affaire de procurations litigieuses lors du précédent scrutin. Ayant fait appel, elle s'est représentée sans étiquette.
Alors que la présidente du FN Marine le Pen avait appelé à voter pour le candidat LR, démarche inédite pour le parti d'extrême droite, les Républicains se sont désolidarisés de ce soutien.
"Je tiens à préciser que je ne partage pas les idées du Front national (...) Je note juste que Mme Le Pen fait le constat de ce qui se passe à Mayotte", avait déclaré Elad Chakrina à l'AFP.
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