Avec un score largement au delà des prévisions, selon les sondages sortie des urnes, l'homme fort de la Russie depuis plus de 18 ans est donc conforté comme l'incontournable président d'un pays qu'il a replacé des dernières années au premier rang sur la scène internationale, au prix d'un climat de nouvelle Guerre froide encore accentué depuis l'empoisonnment d'un ex-espion russe au Royaume-Uni.
Vladimir Poutine reste donc au Kremlin jusqu'en 2024, année de ses 72 ans et 25 ans après avoir été désigné dauphin par un Boris Eltsine vieillissant.
Après la fermeture des derniers bureaux de vote dans l'enclave russe de Kaliningrad, au cœur de l'Europe, le premier sondage sortie des urnes de l'institut officiel VTSiOM donne au président russe, 65 ans, 73,9% des suffrages. C'est bien plus que les 63,6% obtenus en 2012.
Il devance le candidat du Parti communiste Pavel Groudinine, qui ne récolterait que 11,2% des voix, devant l'ultranationaliste Vladimir Jirinovski (6,7%) et la journaliste proche de l'opposition libérale, Ksénia Sobtchak (2,5%).
Très partiels (15% des bulletins dépouillés), les premiers résultats donnaient 71,9% des voix à Vladimir Poutine, contre 15,9% à Pavel Groudinine.
Le taux de participation était de presque 60% à 15H00 GMT, trois heures avant la fermeture des bureaux de vote, selon la Commission électorale centrale (CEC).
Le Kremlin avait fait de la participation son principal objectif afin de légitimer cette élection dont l'issue ne faisait aucun doute.
Mais l'opposition, et en premier lieu l'adversaire le plus acharné du Kremlin, Alexeï Navalny, a accusé le Kremlin d'avoir fait gonfler la participation par de nombreuses fraudes, en bourrant les urnes ou en organisant le transport massif d'électeurs vers les bureaux de vote.
"Ils ont besoin de participation. Le résultat, c'est que la victoire de Poutine avec plus de 70% (des voix) a été décidée d'avance", a expliqué à la presse l'opposant, écarté de l'élection en raison d'une condamnation judiciaire, qui a assuré que la participation réelle était inférieure à celle de 2012.
"Le seul moyen de mener une lutte politique en Russie, c'est de manifester. Nous allons continuer de le faire", a-t-il prévenu.
L'ONG Golos, spécialisée dans la surveillance des élections, a dressé sur son site internet une carte des fraudes faisant état à 17H45 GMT de 2.629 irrégularités, tels que bourrages d'urnes, votes multiples ou entraves au travail des observateurs.
La présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova, a pourtant estimé qu'"il n'y a pas eu tant d'irrégularités que ça".
Provocations
Pour encourager des électeurs à participer à un scrutin sans suspense à l'issue d'une campagne atone, les autorités ont mené des campagnes massives d'information et d'incitation, facilitant le vote hors du lieu de résidence mais aussi, selon des médias, faisant pression sur les fonctionnaires ou les étudiants pour aller voter.
Des militants de l'opposition ont fait par exemple état dimanche d'électeurs amenés en bus dans les bureaux de vote par la police ou de coupons de réduction pour des produits alimentaires distribués aux Russes se rendant aux urnes.
Loué par les uns pour avoir ramené la stabilité après les dures années 1990 et vilipendé par d'autres pour un recul des libertés, Vladimir Poutine est crédité d'environ 70% des intentions de vote dans les derniers sondages.
Alexeï Navalny a été exclu de la course après avoir été déclaré inéligible en raison d'un jugement pour détournement de fonds, qu'il dénonce comme orchestrée par le pouvoir. Jouissant d'une fidèle base de soutiens dans tout le pays, il a appelé au boycott et dépêché plus de 33.000 observateurs dans les bureaux de vote.
- Vote bloqué en Ukraine -
La dernière semaine de campagne a été marquée par un regain de tension entre Moscou et les Occidentaux en raison de l'empoisonnement en Angleterre de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille.
Cette affaire, sur laquelle M. Poutine est resté silencieux, a encore renforcé en fin de campagne le climat de quasi Guerre froide qui s'est installé pendant son dernier mandat, sur fond de soutien au régime syrien, de crise ukrainienne et d'accusations d'ingérence russe dans la présidentielle américaine.
Symboliquement, le scrutin se tient quatre ans jour pour jour après la ratification du rattachement de la péninsule ukrainienne de Crimée, décidé à l'issue d'un référendum jugé illégal par Kiev et les Occidentaux.
Plus de 1.200 bureaux de vote ont ouvert en Crimée mais beaucoup de Tatars, une communauté musulmane qui s'est largement opposée à l'annexion, ne comptent pas se rendre aux urnes.
En représailles à la tenue de la présidentielle en Crimée, Kiev a empêché le vote des Russes résidant en Ukraine. Des dizaines de policiers, ainsi que des militants nationalistes, ont bloqué dimanche l'accès aux consulats russes dans plusieurs grandes villes.
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