Les organisateurs du mouvement social ainsi que les élus ont réclamé samedi le report du scrutin mais le préfet a assuré qu'il aurait bien lieu car "Mayotte c'est la République, la République c'est la démocratie, la démocratie ce sont les citoyens qui s'expriment dans les urnes".
"L'Etat prendra toutes les dispositions pour assurer le bon déroulement du scrutin", a-t-il assuré.
Les élus avaient demandé ce report "pour des raisons de sécurité", estimant que "même si les mairies sont ouvertes, il n'y a pas de garantie que les conditions de sécurité soient réunies", selon leur porte-parole, Mohamed Bacar, maire de Tsingoni, qui a évoqué des "risques de barrages et de soulèvements" et des écoles, servant de bureau de vote, "cadenassées". Il a également fait part d'un problème de campagne pour les huit candidats qui "n'ont pas pu voir leurs électeurs".
Seul le maire de Mamoudzou s'est désolidarisé de cette demande.
Le collectif, par l'intermédiaire d'un de leur porte-parole Saïd Kambi, a expliqué qu'on ne pouvait "imaginer une expression démocratique sous la pression".
Un autre porte-parole, Salim Nahouda, a lui appelé au boycott de l'élection.
Cette demande de report du scrutin s'est accompagnée d'un autre appel, formulé par tous les acteurs du mouvement social, à un nouvel émissaire gouvernemental "avec un mandat qui pourrait engager le gouvernement".
Trois hauts fonctionnaires ont déjà été envoyés sur place pour engager des discutions avec le collectif: le général Lambert Lucas, directeur de la gendarmerie de l'Outre-mer, Jean Courtial, conseiller d'État, et Jean-Jacques Brot, ancien préfet de Mayotte. Ce dernier ne fait toutefois pas l'unanimité, accusé par certains d'avoir une part de responsabilité dans la situation actuelle de l'ile.
Dans le même temps, alors que des opérations de sécurisation et de contrôle des personnes en situation irrégulière sont menées depuis jeudi par les forces de l'ordre à Mayotte -dans le droit fil des engagements de la ministre des Outre-mer Annick Girardin en matière de sécurité- des villageois du nord de l'île ont décidé d'organiser eux-mêmes des actions d'expulsion de personnes qu'ils supposent en situation illégale, a indiqué l'un d'eux.
"Rondes" contre les "clandestins"
Ce collectif, créé lundi suite à l'agression d'un villageois par des coupeurs de route, effectue des "rondes" afin "de démanteler les groupes d'étrangers, comoriens et africains", présumés en situation irrégulière, et les emmener à la gendarmerie. "On ne veut pas d'affrontements, pas de tabassages, pas de coups", a-t-il précisé, affirmant qu'il n'y a pas de résistance de la part des clandestins présumés.
Le collectif d'habitants a affirmé que la gendarmerie "collaborait" avec eux, ce qu'a formellement démenti un officier responsable de la communication. "C'est absolument faux, on ne va pas assister les pseudo-milices qui expulsent des personnes en situation irrégulière. On agit dans un Etat de droit", a-t-il dit.
Mayotte connaît depuis plusieurs années une très forte immigration, souvent clandestine, en provenance des Comores voisines, qu'il s'agisse de personnes à la recherche d'un avenir meilleur ou de mères venues accoucher. Les Mahorais dénoncent cette immigration clandestine, source selon eux de l'insécurité grandissante, et plus largement des problèmes sociaux et économiques de l'île.
"Ce genre de pratique, ça n'existe pas dans un département", a réagi la ministre des Outre-mer dans une déclaration à l'AFP. "J'ai pris des engagements en matière de sécurité. Ils sont tenus comme le prouvent les opérations de ces derniers jours. J'invite les habitants à laisser les forces de l'ordre faire leur travail", a-t-elle insisté.
Ces actions rappellent les opérations de "décasage" menées par des villageois en 2016, lorsqu'une partie de la population, réunie en collectifs, a expulsé illégalement de leur logement des étrangers, en situation irrégulière ou non, parfois avec violence et en brûlant les habitations.
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