Aussi savoureuse qu'elle ait été, par son contenu et son final, la première victoire acquise face au XV de la Rose depuis 2014 dans la compétition (22-16) a simplement rééquilibré le bilan tricolore à l'aube de la dernière journée: deux succès (Italie et Angleterre) pour deux défaites (contre l'Irlande à la maison et en Ecosse).
"Deux victoires à domicile, cela paraît le minimum. On aurait voulu gagner trois fois" a convenu le sélectionneur.
Les Bleus peuvent encore le faire et signer une troisième victoire d'affilée pour la première fois depuis la fin de l'été 2015 (cinq succès d'affilée en préparation de la Coupe du monde et pendant celle-ci).
"Cela peut tout changer" a reconnu Brunel. Au classement final, d'abord: troisièmes en 2017 sous le mandat de Guy Novès après avoir arraché une dernière victoire face aux... Gallois (20-18), ils termineront de nouveau sur le podium s'ils l'emportent, alors qu'un revers les reléguerait au quatrième ou cinquième rang.
Mais surtout, un résultat positif signerait la fin de la période de convalescence du XV de France, qui vient de gagner deux places au classement mondial (8e).
Et lui permettrait, après la bouffée d'air frais engrangée face aux Anglais, d'engranger une marmite d'oxygène pour l'avenir. A commencer par la périlleuse série de trois test-matches en juin chez les doubles champions du monde néo-zélandais.
'Construction de la confiance'
"L'équipe de France, depuis un certain temps, cherchait un résultat significatif qui puisse valoriser les qualités qu'on pense qu'elle recèle. (Le succès face aux Anglais) est une étape importante dans la construction de la confiance" a souligné Brunel.
Avant d'ajouter: "Mais on sait aussi que ça ne se construit pas qu'à travers une seule victoire, qu'il va falloir une continuité dans les performances."
"Le résultat va légitimer notre ambition ou la freiner, c'est clair" a poursuivi le sélectionneur.
D'autant que les Bleus n'ont plus gagné depuis 2010 à Cardiff, où seuls les gros bras mondiaux se sont imposés ces cinq dernières années (Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud, Angleterre et Irlande).
Depuis le Grand Chelem de la bande à Marc Lièvremont, les Français ont eux été à trois reprises cuits à l'étouffée dans la cocotte-minute du Millennium (9-16, 6-27 et 19-19).
Où leur salut, samedi, passera donc de nouveau, face aux incessantes vagues rouges par une défense et une discipline irréprochables, comme contre les Anglais. Auxquelles il conviendra d'ajouter le réalisme offensif qui leur fait défaut.
En première ligne
Ceci sans leur leader Guilhem Guirado, dont le genou droit n'a pas résisté au dernier combat mené au Stade de France.
Le Catalan sera suppléé dans sa charge de capitaine par son coéquipier à Toulon Mathieu Bastareaud, omniprésent sur et en dehors du terrain depuis son retour lors des deux derniers matches.
Et, sans doute plus inquiétant, au poste de talonneur par Adrien Pélissié (27 ans, 4 sél.), qui commencera pour la première fois en bleu un mois et demi après ses débuts internationaux. Et avec au compteur seulement huit titularisations en Top 14 depuis ses débuts l'été passé sous le maillot de Bordeaux-Bègles.
A sa droite en première ligne, Cedate Gomes Sa (24 ans, 4 sél.) sera dans la même situation. Et derrière, Gaël Fickou, plus expérimenté (23 ans, 34 sél.), peut s'attendre à être testé dans les airs par les archers gallois à un poste d'ailier inhabituel pour lui.
Aussi, une victoire à Cardiff aurait des allures de véritable exploit pour les joueurs de Brunel qui, au-delà du résultat brut, incertain, sera très attentif au "contenu de la partie".
"On peut perdre avec beaucoup de..." a-t-il ainsi déclaré sans finir clairement sa phrase, puis d'ajouter: "Il faut qu'on gagne."
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