Visiblement ravis de se retrouver, les deux dirigeants ont expliqué devant la presse leur volonté de proposer en juin des solutions communes sur des dossiers clés comme le renforcement de la zone euro, le droit d'asile, l'Europe de la défense ou encore la convergence fiscale. Le sommet européen des 22 et 23 mars s'annonce comme un point d'étape.
"Sur la zone euro, sur la politique migratoire, de défense, commerciale, de recherche, éducative et les grands domaines que nous avons pu définir, nous proposerons une feuille de route ambitieuse pour cette refondation d'ici juin et y mettrons l'énergie requise", a annoncé M. Macron.
"L'objectif est l'adoption au niveau européen d'une feuille de route cet été, avec des premières étapes concrètes en 2018 puis d'ici les élections européennes de 2019 pour d'autres", a indiqué l'Elysée. "Les calendriers électoraux sont alignés: nous avons quatre ans devant nous entre Français et Allemands pour avancer sur ces sujets, dans une ambiance plus prospère".
Le président français attendait depuis six mois que la crise politique allemande se dénoue pour faire redémarrer le "moteur franco-allemand", indispensable pour toute réforme dans l'UE. Depuis les élections allemandes de septembre, tout était suspendu aux négociations ardues qui ont enfin permis mercredi à Angela Merkel de constituer un gouvernement.
Emmanuel Macron est d'autant plus impatient d'obtenir le soutien allemand qu'il estime avoir donné des gages à Berlin.
"Pendant de longues années, l'Allemagne a attendu que la France conduise ses réformes: la France les a faites ces derniers mois, avec volontarisme, et nous continuerons", lui a promis le président français. "Vous savez combien j'attends ce travail conjoint", a-t-il ajouté.
"Cher Emmanuel, je sais que vous avez dû attendre longtemps avant que nous ayons réussi à former un gouvernement. Notre accord de coalition est placé sous le titre d'un nouveau départ pour l'Europe", l'a rassuré en retour Angela Merkel, tout sourire, avant de saluer les réformes françaises. "J'ai la volonté d'y arriver et je crois que nous le pouvons".
Les deux dirigeants ont ensuite passé une heure et demie en tête-à-tête pour détailler chaque dossier, en particulier sur les moyens de faire converger les économies des 19 pays de la zone euro, comme un fonds d'investissement commun et un fonds de garantie en cas de crise bancaire, a expliqué l'Elysée.
Ils se rencontreront à nouveau en avril en Allemagne et organiseront un conseil des ministres franco-allemand.
'Ne pas juste acquiescer'
Cependant un compromis reste à trouver entre une France qui souhaite davantage de solidarité entre pays européens et une Allemagne qui requiert d'abord des efforts de responsabilité des pays les plus fragiles.
Mercredi après-midi, après avoir rencontré son nouvel homologue allemand Olaf Scholz, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré que les deux pays étaient "tout près" d'un accord sur la zone euro mais qu'existaient encore "des difficultés techniques" avec "des incidences politiques, financières, économiques très lourdes".
En juin, les deux dirigeants devront ensuite convaincre leurs partenaires qui ne voient pas nécessairement d'un bon oeil la prise en main franco-allemande des destinées européennes.
"Ca ne veut pas dire que nous, ou d'autres pays de l'UE, trouvons bien tout ce sur quoi les Allemands et les Français se mettent d'accord. On ne va pas juste acquiescer", a d'ores et déjà prévenu vendredi le Premier ministre néerlandais, le libéral Mark Rutte.
"Il est nécessaire que les dirigeants de l'UE s'impliquent directement pour avancer", a plaidé vendredi le président du Conseil européen Donald Tusk, qui a reconnu que pour l'instant il n'existe un "consensus limité" avant le sommet européen des 22 et 23 mars.
"Il y a un sentiment d'urgence partagée" des deux côtés du Rhin, analysait avant la rencontre le directeur de l'Institut Jacques Delors, Sébastien Maillard.
Mme Merkel, qui a payé politiquement sa politique migratoire généreuse envers les étrangers, a insisté sur ce dossier. "Nous devons absolument obtenir des résultats sur une politique d'asile commune (...) Nous devons protéger nos frontières extérieures", a-t-elle déclaré, alors que ce sujet va certainement peser sur les élections européennes de mai 2019.
Les deux dirigeants ont également réitéré la "solidarité des alliés" avec Londres dans l'affaire de l'empoisonnement d'un ex-espion russe en Grande-Bretagne où, selon M. Macron, "tout porte à croire que c'est bien la Russie qui a conduit ces tentatives d'assassinat".
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