A la faveur de cet assaut lancé le 18 février, le pouvoir de Bachar al-Assad a déjà repris 70% de cet ultime bastion rebelle aux portes de Damas. Plus de 1.260 civils ont été tués et des milliers blessés en près d'un mois de bombardements, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
En dépit des condamnations et des appels à un cessez-le-feu principalement des Occidentaux, le régime, aidé militairement par Moscou, poursuit son opération, dans un pays ravagé depuis sept ans par une guerre qui a fait plus de 350.000 morts.
Sur un autre front de cette guerre complexe, 18 civils ont été tués à Afrine dans des bombardements de l'armée turque qui cherche à chasser de cette ville du nord-ouest syrien une milice kurde syrienne considérée comme terroriste par Ankara.
Vendredi dans la Ghouta orientale, au moins 57 habitants ont été tués dans les raids aériens sur les localités de Saqba et Kfar Batna, selon un dernier bilan de l'OSDH qui a attribué les frappes à l'aviation russe.
Devant la progression des troupes syriennes dans des localités du sud de l'enclave, des centaines de civils ont continué à fuir, n'ayant d'autres choix que de rejoindre les secteurs sous contrôle du régime malgré la crainte de représailles.
La télévision étatique syrienne a montré des hommes portant des keffieh, des femmes emmitouflées dans des manteaux et voilées, avec parfois des enfants en bas-âge, arrivant dans un secteur gouvernemental.
'Atrocités'
La veille, quelque 20.000 habitants sont sortis de la Ghouta notamment de zones reprises par le régime dans le sud de l'enclave, selon l'OSDH.
Dans la localité d'Adra, en territoire gouvernemental au nord de l'enclave rebelle, quelque 3.000 personnes étaient entassées dans une école transformée en centre d'accueil, selon un correspondant de l'AFP sur place.
Pour reprendre totalement le bastion rebelle d'où des obus sont tirés sur la capitale Damas, le régime a morcelé la région pour isoler les territoires et affaiblir les rebelles en empêchant de possibles renforts.
Mais rebelles et jihadistes tentent de résister. Les combattants du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham et ceux de Faylaq al-Rahmane "ont repris quasiment toute la localité de Hammouriyé", reconquise jeudi par les prorégime, selon l'OSDH.
"Les frappes aériennes ont gagné en intensité et en violence, et se sont poursuivies jusqu'à ce matin sur Hammouriyé", a-t-elle indiqué.
"Cette semaine, la crise syrienne est entrée dans sa huitième année. Jusqu'à quand, les puissances vont-elles permettre à cette situation de traîner?" s'est insurgé le président du Comité international de la Croix-Rouge, Peter Maurer, après avoir accompagné la veille un convoi d'aide dans l'enclave rebelle.
"Quel espoir y a-t-il pour des enfants qui ont vu des familles détruites et des atrocités commises?", a-t-il déploré dans un communiqué.
Civils tués à Afrine
Grâce au soutien militaire de la Russie, le régime d'Assad a réussi à reprendre plus de la moitié du territoire syrien, et ne cache pas sa détermination à reconquérir l'intégralité du pays qui reste morcelé.
Vendredi, les ministres des Affaires étrangères de Russie et d'Iran, un autre allié du régime, ont rencontré à Astana le chef de la diplomatie de la Turquie, appui traditionnel des rebelles.
Après les critiques des Etats-Unis contre le rôle de Moscou accusé d'être "moralement complice et responsable des atrocités d'Assad", M. Lavrov a accusé en retour les Occidentaux de chercher à "préserver le potentiel militaire des terroristes" en Syrie à l'occasion de la rencontre d'Astana.
Dans le nord-ouest syrien, la mort a également frappé. Des tirs d'artillerie des forces turques sur la ville kurde d'Afrine ont tué 18 civils dont cinq enfants, selon l'OSDH.
L'armée turque, aidée de rebelles syriens, mène depuis le 20 janvier une offensive pour chasser de cette ville et de sa frontière les Unités de protection du peuple (YPG). Ce groupe, considéré par Ankara comme "terroriste", est un allié de Washington dans la lutte contre les jihadistes.
La ville d'Afrine est désormais quasi-encerclée, à l'exception d'un unique couloir utilisé par les civils qui fuient par milliers en rejoignant des zones tenues par le régime. Plus de 30.000 civils ont quitté Afrine depuis mercredi, selon l'OSDH.
Ankara dément prendre pour cible les civils, mais selon l'OSDH, au moins 245 civils, dont 41 enfants, ont péri depuis le début de l'offensive turque.
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