"Quand on change les habitudes, il faut expliquer avant que les gens n'en voient les effets, c'est très important. Mais vous avez passé la journée avec moi : je n'ai pas senti de colère", a déclaré le chef de l'Etat à la presse après avoir visité un lycée à Loches (Inde-et-Loire).
Une déclaration effectuée alors que 11.000 à 15.000 retraités, selon une estimation de l'AFP, se sont mobilisés partout en France pour défendre leur pouvoir d'achat, rejoints parfois par les professionnels de l'aide aux personnes âgées qui réclament plus de moyens humains.
Mercredi à Tours, pendant l'un de ces longs bains de foule qu'il affectionne, Emmanuel Macron s'est d'ailleurs fait interpeller par des retraités inquiets de la hausse de la CSG. Il leur a demandé "un effort pour aider les jeunes qui travaillent et qui paient vos retraites" et "de la patience" d'ici la baisse de la taxe d'habitation en octobre.
Un échange animé mais resté bon enfant, que l'Elysée a aussitôt publié sur les réseaux sociaux, le jugeant visiblement pédagogique.
"Idée fausse"
L'objet de ce déplacement tourangeau visait surtout à répondre aux acteurs ruraux et à LR qui l'accusent de fermer trop de classes en zone rurale au détriment des banlieues et, plus généralement, d'être un "président des villes".
"Le maintien de nos écoles dans nos villages, c'est essentiel", a plaidé le maire de Rilly-sur-Vienne, Jean-Louis Bassereau, en l'accueillant dans la petite école de deux classes multi-niveaux.
"Vous avez raison, mais c'est un sujet démographique", lui répond Emmanuel Macron. Dans ce village de 786 habitants à 50 km de Tours, où une troisième classe ouvrira à la rentrée grâce à un regroupement des CE1 avec un village voisin.
"Nous allons ouvrir 1.000 classes" sur l'ensemble du territoire en plus de celles dédoublées dans les zones prioritaires, a rappelé le chef de l'Etat.
Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, qui l'accompagnait, a annoncé que 207 classes fermeraient en zone rurale (en solde net) à la rentrée 2018. A comparer aux 1.200 fermetures (en solde net) dans ces zones sur le cumul 2015 et 2016.
"On ne va pas se substituer à la démographie, des collèges qui ont moins de 30 élèves par classes, ce n'est pas bon, même pour les élèves", a plaidé le chef de l'Etat.
Des syndicats d'enseignants soutiennent que des classes rurales sont fermées afin de dégager des postes pour le dédoublement des classes de CP et CE1 dans les banlieues. "Cette idée est fausse", a réagi Emmanuel Macron, rappelant que ces dédoublements concernent aussi des zones rurales.
"Au contraire, nous allons augmenter le taux d'encadrement (nombre d'enseignants par rapport au nombre d'élèves) l'année prochaine, en particulier en zone rurale", a-t-il ajouté.
"32.000 jeunes en moins rentrent en primaire cette année, en particulier en zones rurales. Mais nous n'avons pas fermé autant de classes que ce qu'une application bête et méchante de la démographie nous aurait conduit à faire", a-t-il ajouté.
- "Pas de misérabilisme" -
L'accusation de favoriser les villes reflète aussi le 1er tour de l'élection présidentielle, où Emmanuel Macron avait fait un meilleur score en ville que dans les campagnes, où Marine Le Pen le devançait légèrement, selon l'Ifop.
La limitation de vitesse à 80 km/h, qui agace surtout dans les campagnes, s'est aussi invitée dans le débat. A Rilly, un élu s'est plaint de "l'accumulation des contraintes" qui font que "l'on n'a plus le droit de rien faire". "Il ne faut pas faire du misérabilisme du rural", a répondu Emmanuel Macron. "Il faut expliquer aux gens que la limitation de la vitesse à 80km/h, cela représente deux minutes sur un trajet de 40 km".
Après Rilly, le président s'est rendu dans un lycée général, technologique et professionnel de Loches, où il a déjeuné à la cantine avec des élèves et des profs. Il s'est fait présenter le projet "ambition PACES", un tutorat qui prépare des élèves de terminale à la première année de médecine. "C'est là que commence la lutte contre le déterminisme social", s'est félicité le président.
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