Déclenché le 15 mars 2011 avec la répression par le régime de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 350.000 morts et s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de puissances étrangères.
Un temps très affaibli, le régime de Bachar al-Assad, puissamment soutenu par la Russie, est déjà parvenu à reprendre plus de la moitié du pays. A ce jour, la Syrie, en ruines, reste toutefois un pays morcelé.
Sur un autre front de la guerre, la Turquie poursuit ainsi depuis le 20 janvier, avec l'aide de supplétifs syriens, une offensive contre l'enclave kurde d'Afrine, près de sa frontière, pour chasser les Unités de protection du peuple (YPG) de leur bastion.
Près de Damas, les forces gouvernementales syriennes et la Russie se concentrent sur la vaste opération enclenchée mi-février contre la Ghouta orientale, où se trouve le dernier bastion de l'opposition à proximité de Damas.
Après plus de trois semaines, il a repris le contrôle de plus de 60% de ce fief insurgé, au prix d'un sanglant coût humain.
Frappes aériennes et tirs d'artillerie, qui visent au quotidien l'enclave, ont tué près de 1.250 civils, dont plus de 250 enfants, et fait plus de 4.800 blessés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Jeudi matin, un nouveau convoi d'aide humanitaire pour la population de Douma, la plus grande ville de l'enclave, est entré par le point de passage de Wafidine, a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Le déchargement de la cargaison a néanmoins dû être brièvement interrompu à cause d'obus tombés à proximité, selon le correspondant de l'AFP dans la ville.
Il s'agit d'un convoi conjoint du CICR, du Croissant-Rouge syrien et de l'ONU composé de 25 camions avec 5.200 colis alimentaires et 5.220 sacs de farine destinés à 26.100 personnes, a dit à l'AFP le porte-parole en Syrie du CICR, Pawel Krzysiek.
Cette troisième livraison d'aides à Douma en 10 jours "n'est qu'une petite partie de ce dont ces familles ont besoin", a-t-il souligné.
Hammouriyé sous les bombes
Depuis le 27 février, à la faveur d'une "pause humanitaire" mise en place par la Russie, quelque 900 personnes de la Ghouta ont par ailleurs pu quitter les territoires contrôlés par les rebelles, a indiqué l'agence russe Interfax, précisant que parmi eux "350 civils ont pu sortir jeudi de Hammouriyé".
Mardi et mercredi, des dizaines de civils -des personnes nécessitant des soins médicaux et leurs accompagnateurs-- avaient été évacués de Douma, contrôlée par le groupe rebelle Jaich al-Islam.
"Au cours des derniers jours, la situation dans la Ghouta, en particulier à Douma, s'est considérablement stabilisée", a affirmé l'armée russe.
L'offensive que le régime poursuit sans relâche a coupé l'enclave en trois sections, chacune contrôlée par différents groupes rebelles.
La zone sud, autour de Hammouriyé, est contrôlée par la faction Faylaq al-Rahmane, qui a perdu mercredi deux commandants et dix combattants dans les bombardements, a indiqué l'OSDH.
L'armée syrienne a pénétré mercredi soir dans Hammouriyé et "pris le contrôle de la moitié est" de la ville, a indiqué l'Observatoire, basé en Grande-Bretagne mais qui dispose d'un vaste réseau d'informateurs à travers la Syrie.
C'est la première fois en cinq ans que les forces du régime entrent dans ce secteur de la Ghouta, enclave assiégée depuis 2013.
'Tout ce qui bouge'
Un correspondant de l'AFP a fait état de violents bombardements. Il a vu mercredi soir à l'entrée d'une maison un homme tenant les corps de ses deux enfants morts.
Un médecin dans la zone a indiqué que les équipes de sauveteurs ne pouvaient pas porter secours aux victimes à cause de l'intensité des bombardements.
"Les blessés sont sur les routes. Nous ne pouvons pas les déplacer. Les avions de chasse visent tout ce qui bouge", a dit mercredi soir le docteur Ismaïl al-Khatib. "Nous ne savons pas ce que sont devenues les familles qui ont fui sous les bombardements".
Le correspondant de l'AFP a vu jeudi des immeubles complètement effondrés à cause des raids, les décombres entravant les rues. Une famille tentant de fuir un quartier violemment bombardé était recouverte de poussière.
Dans le nord-ouest de la Syrie, les forces turques et leur supplétifs syriens ont eux aussi resserré l'étau sur la ville d'Afrine, chef-lieu de l'enclave kurde éponyme.
Ankara entend chasser de ce secteur frontalier la milice kurde des YPG, qu'elle qualifie de "terroriste" mais qui a été l'alliée de la coalition internationale contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Les forces pro-turques ont déjà capturé plus de 70% de l'enclave, où le conseiller média des YPG Rezan Hedo a dit craindre un "massacre" si elles lancent l'assaut sur son chef-lieu.
L'armée turque a mené mercredi des raids aériens sur la ville d'Afrine qui ont fait 10 morts parmi les civils dont quatre enfants selon l'OSDH, qui a fait état de moyens très réduits dans l'hôpital de la ville.
L'unique voie de sortie de la ville d'Afrine est visée depuis trois jours par des bombardements, qui ont tué mercredi 10 combattants parmi les forces prorégime venues soutenir les YPG à leur demande.
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