"Les mesures de riposte sont en stade d'élaboration et seront prises prochainement", a assuré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, dénonçant des "accusations absolument absurdes contre la Russie et tout son peuple".
Depuis l'hospitalisation le 4 mars de Sergueï Skripal et sa fille Ioulia, le ton ne cesse de monter entre Moscou et Londres, aggravant des relations déjà calamiteuses et renforçant le climat de nouvelle Guerre froide qui s'est installé entre la Russie et les Occidentaux, à quelques jours de la présidentielle russe dimanche et à trois mois du Mondial-2018 de football.
Après plusieurs jours d'accusations réciproques, Londres est passé aux actes mercredi. La Première ministre britannique Theresa May a annoncé l'expulsion de 23 diplomates russes et le gel des contacts bilatéraux avec la Russie, qu'elle a déclarée "coupable" de l'empoisonnement survenu le 4 mars à Salisbury en Angleterre.
Modérées
La Russie disposait jusqu'ici de 59 diplomates accrédités au Royaume-Uni. Les 23 diplomates ciblés, considérés par Londres comme des "agents de renseignement non déclarés", ont "une semaine" pour quitter le territoire. Il s'agit de la vague d'expulsion de diplomates russes par le Royaume-Uni la plus importante depuis la Guerre froide.
Toutefois, "ce n'est pas dans notre intérêt national de couper tout dialogue", a-t-elle dit.
Theresa May a précisé que Londres n'enverrait aucun représentant, diplomate ou membre de la famille royale, à la Coupe du monde de football cet été en Russie.
Les analystes ont noté que les sanctions britanniques restaient à ce stade plutôt modérées.
La diplomatie russe a néanmoins aussitôt qualifié ces sanctions de "provocation grossière sans précédent", sans donner d'indication sur la teneur de sa riposte.
Sergueï Skripal, 66 ans, et de sa fille Ioulia, 33 ans, ont été victimes d'une attaque avec un agent innervant militaire -- de fabrication russe, selon les autorités britanniques -- à Salisbury, dans le sud-ouest de l'Angleterre. Ils sont hospitalisés "dans un état grave".
Comme les Etats-Unis la veille, la France a indiqué jeudi qu'elle "partage le constat du Royaume-Uni" sur la responsabilité de Moscou, via un communiqué de la présidence.
Sommée de s'expliquer, Moscou martèle qu'elle ne coopérera que si elle obtient l'accès à un échantillon de la substance en cause, identifiée par Londres comme l'agent "Novitchok" ("petit dernier") conçu à la fin de l'URSS.
Dans la presse russe jeudi, le ton était généralement à charge contre Theresa May, accusée par le quotidien Nezavissimaïa Gazeta d'avoir "empoisonné les relations entre Moscou et Londres". Le journal officiel Rossiïskaïa Gazeta a dénoncé la "réaction innervante" de la dirigeante britannique.
'Fantôme de Staline'
Mme May a évoqué devant le Parlement "un usage illégal de la force par l'État russe contre le Royaume-Uni". Elle a jugé "tragique" la "voie choisie" selon elle par le président russe Vladimir Poutine, qui n'a pas répondu à sa demande d'explication sur cette affaire.
Sur la BBC jeudi, le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a accusé la Russie "d'aller trop loin dans la mauvaise direction": "La Russie est en ce moment sur un chemin revanchiste. Poutine ressent le fantôme de Staline. Il regarde autour de lui et voit l'Otan aux frontières de ce qui était l'Union soviétique. C'est pour cela qu'il cause des problèmes".
Selon les médias britanniques, le ministre de la Défense Gavin Williamson, s'apprête à annoncer un investissement de 48 millions de livres (environ 54 millions d'euros) pour renforcer les capacités de défense contre les armes chimiques.
A New York, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU convoquée en urgence à la demande de Londres, les Etats-Unis, "solidaires du Royaume-Uni", ont eux aussi affirmé que la Russie était "responsable" de cet empoisonnement.
Une accusation rejetée en bloc par l'ambassadeur de Russie à l'ONU, Vassily Nebenzia, qui a accusé Londres de mener une "guerre de propagande" contre Moscou.
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