Augmenter les effectifs "urgemment". C'est la "priorité" pour l'intersyndicale appelant à la grève dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les services d'aide à domicile, hôpitaux gériatriques et autres structures en charge du grand âge, moins de deux mois après une première mobilisation très suivie fin janvier.
"On ne peut plus admettre que des personnes âgées ne soient pas douchées régulièrement", que leurs repas soient expédiés, résume Mireille Stivala (CGT) au nom de neuf autres syndicats (FSU, Fédération autonome Fonction publique, CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO, Solidaires, Union fédérale action sociale et Unsa) et de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA).
Alors qu'un rassemblement est organisé à 13H00 sous ses fenêtres à Paris, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, s'est engagée à recevoir une délégation, "théoriquement" jeudi, espère Luc Delrue (FO), saluant "un bon point".
Les revendications: meilleurs salaires et conditions de travail, abrogation de la réforme du financement des Ehpad... Et surtout un ratio d'un salarié tous personnels confondus pour un résident, contre 0,6 en moyenne actuellement.
Une demande qui serait "pratiquement" satisfaite si la proposition de doubler le ratio de soignants en quatre ans, formulée dans le rapport de deux députées, était mise en oeuvre. Soit plus de 200.000 recrutements, pour un coût de 7 à 10 milliards d'euros, selon Monique Iborra (LREM) et Caroline Fiat (LFI).
Mais la ministre a déjà fait savoir que la France n'avait "pas les moyens budgétaires" de garantir le ratio d'un pour un.
Les deux députées réclament également la suspension du volet controversé de la réforme du financement des Ehpad. Outre le déblocage de 50 millions d'euros pour les structures en difficulté, Agnès Buzyn promet de "neutraliser les effets négatifs" de la mesure qui a fait "20 à 25% de perdants".
Elle n'exclut pas des "ajustements" en fonction des pistes que doit lui remettre un médiateur fin mars, période à laquelle elle présentera une feuille de route globale pour la prise en charge du vieillissement.
'Pour les jeunes'
"Ni privilégiés ni assistés", les retraités sont de leur côté invités à se rassembler partout en France pour dire non à la "baisse de leurs pensions", à l'appel de neuf syndicats (UCR-CGT, UCR-FO, UNAR-CFTC, UNIR CFE-CGC, FSU-Retraités, Solidaires, FGR, LSR et UNRPA).
A Paris, le cortège partira de Montparnasse à 14H30 en direction des Invalides.
"On s'attend à un gros succès", assure Didier Hotte (FO). "Autant qu'en septembre", quand des milliers de retraités avaient manifesté dans tout le pays pour dénoncer la hausse de 1,7% de la CSG - prévue pour 60% d'entre eux à compter de janvier - destinée à compenser la suppression des cotisations chômage et maladie du privé.
Car les premières ponctions se sont fait sentir. Et ont parfois suscité "l'incompréhension" de retraités qui, malgré des pensions inférieures à 1.200 euros par mois, ont dépassé les plafonds (1.841 euros pour un couple) en raison des revenus de leur conjoint et/ou locatifs, explique M. Hotte.
Interpellé mercredi à Tours, Emmanuel Macron a redit qu'il "assumait" ses réformes et demandé "un effort pour aider les jeunes actifs". "Il y en a qui râlent et qui ne veulent pas comprendre, c'est la France", a-t-il remarqué.
"L'effort est déjà largement fait", estime M. Hotte, citant les motifs de mécontentement des dernières années (gel des pensions, suppression de la demi-part des veuves, etc...).
Revalorisées de 0,8% en octobre, les retraites ne le seront plus avant janvier 2019 au profit d'une augmentation du minimum vieillesse.
"On n'est pas une génération dorée", s'indigne Michel Salingue (FGR-FP), soulignant que la pension moyenne s'élève à 1.300 euros.
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