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Mayotte: les barrages maintenus, la grève continue

Les barrages routiers qui paralysent Mayotte depuis quatre semaines sont maintenus et la grève générale se poursuit, ont annoncé mercredi les organisateurs du mouvement social qui secoue l'archipel de l'océan Indien depuis plus de trois semaines, en dépit d'un accord conclu avec le gouvernement mardi soir.

Mayotte: les barrages maintenus, la grève continue
Manifestants place de la République à Mamoutzou, à Mayotte, le 13 mars 2018 - [AFP]

Alors qu'une délégation des organisateurs du mouvement avait annoncé mardi soir qu'ils demanderaient mercredi à la population la levée des barrages, l'ensemble des membres du collectif et de l'intersyndicale, réunis mercredi avec des représentants de chaque barrage, ont finalement décidé de poursuivre le mouvement, estimant que "des points manquaient" dans l'accord de principe trouvé avec la ministre des Outre-mer Annick Girardin, notamment en matière de sécurité.

Rentrée à Paris dans la foulée de cet accord, Mme Girardin s'est pour sa part engagée à tenir les engagements pris, même si les barrages routiers "ne sont pas levés tout de suite", concédant que ça allait "prendre du temps de décider la base" à lever ces barrages.

"Même si l'intersyndicale ne lève pas les barrages tout de suite, moi je ferai ma part de l'engagement, moi je ferai en sorte, sauf si les barrages l'empêchent, que la sécurité soit retrouvée à Mayotte", a-t-elle ajouté, avant d'évoquer le contexte électoral, avec une législative partielle prévue dimanche: "ce n'est pas pour rien toutes ces manifestations (...) ce chaos que certains veulent, il a aussi un certain nombre d'objectifs", a-t-elle dit.

Au bout de cinq heures de négociations mardi soir avec la ministre, l'un des porte-parole du mouvement social, Fatihou Ibrahime, avait salué "des avancées réelles". "Le plan de lutte contre l'insécurité est acté", s'était-il réjoui.

Parmi 15 mesures réclamées par le collectif et selon lui acceptées par le gouvernement: la lutte contre les attestations d'hébergement et de paternité de complaisance, la mise en place de navires supplémentaires contre l'immigration clandestine, la reconnaissance des associations luttant contre l'insécurité, la lutte contre l'habitat clandestin et le démantèlement des bandes, sources d'insécurité.

Mais les organisateurs réclament désormais davantage, comme par exemple que les victimes des actes de violence soient considérées comme des victimes de terrorisme, et accompagnées comme telles par les pouvoirs publics, a expliqué un des porte-parole, Salim Naoulida.

Ils ont également dénoncé la communication du ministère des Outre-mer mardi soir, qui juste à l'issue de cinq heures de négociations, a annoncé "la construction d'un accord mettant un terme à la crise de Mayotte", alors que les syndicalistes annonçaient qu'ils allaient consulter la population.

"Cela a été perçu comme une trahison, j'ai été accusé de tous les maux", a expliqué un autre porte-parole, Saïd Hachim. Il a expliqué que dans les mesures annoncées la veille par la ministre, le sentiment qui prédominait était qu'"il n'y avait pas de sincérité".

Les organisateurs avaient annoncé qu'ils présenteraient l'accord mercredi matin sur la place de la République du chef-lieu Mamoudzou, mais ce rendez-vous n'a pas eu lieu.

Sur le barrage de Koungou, les manifestants avaient assuré avant même la décision qu'ils continueraient à bloquer. "On va rester là jusqu'à ce que l'État comprenne", a dit Said Saindu, 36 ans, fonctionnaire. "Rien n'a été signé, ce ne sont que des paroles en l'air".

Première maternité de France

Avant ces négociations, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté à Mamoudzou mardi contre l'insécurité et l'immigration clandestine en provenance des Comores, à 70 km de là, mais aussi pour réclamer davantage d'actions de l'État. Entre 200 à 300 manifestants avaient dans le même temps investi le conseil départemental pour dénoncer la "trahison" de certains élus qui avaient accepté la veille de discuter avec la ministre.

Lundi, la ministre avait annoncé une série de mesures en matière de sécurité et de lutte contre l'immigration irrégulière, dont des effectifs de gendarmes supplémentaires.

Elle a aussi évoqué le chantier, qui fait débat, d'un possible statut d'extraterritorialité pour l'hôpital, dont la maternité est la première de France avec chaque année quelque 10.000 naissances d'enfants, pour beaucoup de mères venues des Comores voisines en situation irrégulière.

"En 2015, plus d'un adulte sur deux vivant à Mayotte n'y est pas né", et les natifs des Comores "représentent 42% de la population du département", selon l'Insee.

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