Face au spectre d'un siège ou d'un assaut sur cette cité de quelque 350.000 habitants, de nombreux civils tentent de fuir la ville --qui manque d'eau et d'électricité-- ou de s'approvisionner en nourriture et médicaments, faisant craindre un nouveau drame humanitaire en Syrie.
La population paie le plus lourd tribut des sept années de guerre qui ensanglantent un pays en ruines et morcelé.
Ainsi, dans l'enclave rebelle de la Ghouta orientale, dernier bastion insurgé aux portes de Damas, la population est de plus en plus étouffée par l'offensive du régime de Damas, lancée mi-février et qui se poursuit sans relâche avec des bombardements et un siège.
Mercredi, de nouvelles évacuations de civils blessés ont eu lieu, au lendemain d'une première opération similaire. L'ONU avait peu auparavant sonné l'alarme sur le sort de plus de 1.000 personnes devant sortir d'urgence de l'enclave rebelle "pour des raisons médicales".
Dans le nord-ouest de la Syrie, l'armée turque et des supplétifs syriens ont eux quasiment encerclé la ville d'Afrine, principale cible de leur offensive sur le bastion des Unités de protection du peuple (YPG).
Considérée comme un groupe "terroriste" par Ankara, cette milice kurde a été un allié précieux de Washington et des Occidentaux dans la lutte antijihadiste en Syrie.
"Nous nous sommes un peu rapprochés d'Afrine. J'espère, si Dieu le veut, qu'Afrine sera complètement tombée d'ici ce soir", a dit mercredi Recep Tayyip Erdogan dans un discours télévisé.
La présidence turque a ensuite tempéré ces propos, assurant que M. Erdogan espérait en fait que "l'encerclement" de la ville soit "totalement achevé d'ici ce (mercredi) soir".
Ces déclarations surviennent alors que le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, rencontre son homologue russe Sergueï Lavrov à Moscou, un allié indéfectible du régime syrien qui a dénoncé l'offensive turque.
'Rêveries'
Les déclarations initiales de M. Erdogan ont par ailleurs été balayées par des responsables kurdes de Syrie. "Il semble que le président (...) Erdogan rêve éveillé en parlant d'une chute d'Afrine" ce mercredi, a affirmé Redur Khalil, un porte-parole des YPG.
Pourtant, l'étau s'est bien resserré sur la ville, d'où des dizaines de civils fuient en direction des secteurs adjacents tenus par le régime de Damas.
Mardi, un porte-parole des YPG Birusk Hasakeh a reconnu que l'unique voie de sortie d'Afrine était visée par des bombardements.
Des raids aériens turcs ont visé mercredi cette route, qui permet de rejoindre les localités de Nobol et de Zahraa, contrôlées par le régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Dix combattants pro-régime qui se trouvaient à un point de contrôle ont été tués dans ces frappes, a précisé l'Observatoire.
"Les routes utilisées à l'est par les terroristes pour entrer et sortir de la région seront fermées aujourd'hui ou demain, si Dieu le veut", a encore dit M. Erdogan.
Le président turc en outre réitéré qu'après Afrine, Ankara "nettoierait" les autres villes tenues par les YPG dans le nord de la Syrie, dont Minbej, où stationnent également des soldats américains.
Déclenché le 15 mars 2011 avec des manifestations pro-démocratie réprimées dans le sang par le régime, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de puissances étrangères.
Jeudi, le pays marquera le septième anniversaire de cette guerre qui a fait plus de 350.000 morts.
Un temps très affaibli, le régime d'Assad, soutenu par son allié russe, est déterminé à reconquérir l'intégralité du territoire.
'Évacuations médicales'
Le régime est déjà parvenu à reprendre plus de la moitié du pays et poursuit sa reconquête, avec notamment l'offensive lancée contre l'enclave rebelle dans la Ghouta, dernier bastion insurgé près de Damas.
Frappes aériennes et tirs d'artillerie, qui visent au quotidien l'enclave, ont tué plus de 1.200 civils et fait plus de 4.600 blessés, selon l'OSDH.
Mercredi, sept civils ont encore été tués dans des raids aériens imputés par l'OSDH à l'aviation russe, même si Moscou a démenti mener des frappes aériennes.
Pour le deuxième jour consécutif, des évacuations médicales ont eu lieu à Douma, la plus grande ville de l'enclave rebelle.
La TV étatique a montré des ambulances du Croissant-Rouge quittant l'enclave vers des secteurs tenus par le gouvernement.
A Douma, des dizaines de civils étaient regroupés -des enfants et des blessés-, alors que le personnel du Croissant-Rouge était pris par les derniers préparatifs, a constaté un correspondant de l'AFP.
Parmi les patients, un jeune homme de 18 ans blessé en 2016 dans des bombardements, qui a perdu son oeil droit et a été amputé d'une jambe et d'un bras.
Assiégés depuis 2013, les quelque 400.000 civils de la partie rebelle dans la Ghouta subissent au quotidien pénuries de nourritures et de médicaments. Ils vivent désormais terrés dans des sous-sols pour échapper au déluge de feu du régime.
Les forces du régime ont déjà reconquis 60% du fief rebelle, divisant en trois poches les territoires encore aux mains des insurgés.
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