"Ça va être l'autopsie d'un fiasco", a affirmé Me Jeremie Assous, avocat de Julien Coupat, un des principaux prévenus et présenté comme le théoricien du groupe. "L'ensemble des magistrats instructeurs n'ont eu pour seul objectif que de couvrir les manipulations de la police", a-t-il ajouté peu avant l'ouverture du procès devant le tribunal correctionnel de Paris.
Outre Julien Coupat, 43 ans, comparaissent Yildune Levy, 34 ans, Elsa Hauck, 33 ans, et Bertrand Deveaud, 31 ans. Avec Julien Coupat, ils sont poursuivis pour "association de malfaiteurs" et encourent dix ans de prison.groupe "
La justice leur reproche d'avoir, sur le fondement d'une idéologie développée dans un livre qui leur est attribué ("L'insurrection qui vient"), participé au sabotage d'une ligne ferroviaire dans la région parisienne et organisé des actions violentes contre des intérêts de l'État, notamment le 3 novembre 2008 lors d'une manifestation à Vichy (centre).
Le tribunal pourra difficilement ignorer les critiques de la défense qui dénonce une instrumentalisation du dossier par le politique et conteste certaines méthodes des enquêteurs pour répondre aux attentes du pouvoir.
"Nous contestons la totalité des éléments parce qu'il n'y a aucun matériel tangible dans ce dossier, mais en plus parce que les procédures et les règles légales ont été tordues dans tous les sens", a abondé Me Jean-Christophe Tymoczko, avocat de Yildune Levy.
En 2017, après neuf ans de bataille judiciaire, de polémiques et le dessaisissement du juge chargé de l'enquête, la Cour de cassation, plus haute juridiction française, avait abandonné la qualification terroriste.
Lundi, Yildune Levy a ainsi expliqué sur la radio France Inter vouloir dénoncer à l'audience "les méthodes de l'antiterrorisme" vis-à-vis d'un groupe qui, selon elle, relève d'une "fiction politique, policière puis judiciaire et médiatique".
L'affaire avait spectaculairement débuté le 11 novembre 2008 par l'arrestation par 150 policiers cagoulés, devant les caméras de télévision, d'une dizaine de membres de cette communauté installée à Tarnac, petit village de la Corrèze (sud-ouest de la France).
La ministre de l'Intérieur de l'époque, Michèle Alliot-Marie, salue alors l'interpellation de membres de "l'ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome, en lien avec les sabotages" et le procureur de la République, Jean-Claude Marin, décrit "une cellule invisible" ayant pour objet "la lutte armée".
"Invraisemblances"
Quelques jours plus tôt, les 7 et 8 novembre, des caténaires de lignes ferroviaires avaient été sabotées en région parisienne, provoquant une véritable pagaille avec plus d'une centaine de TGV bloqués et 20.000 voyageurs en rade.
Le 9 novembre, ces actes de sabotage et d'autres sont revendiqués auprès de quotidiens allemands dans un texte signé: "en souvenir de Sebastian", référence à un militant antinucléaire français mort le 7 novembre 2004, écrasé par un train de transport de déchets nucléaires. Mais pour les enquêteurs français, cette hypothèse n'exclut en rien la piste française.
Cependant, faute de preuves matérielles, l'enquête sur Tarnac s'est enlisée et les dix inculpés pour association de malfaiteurs à caractère terroriste vite remis en liberté, le dernier étant Julien Coupat après six mois de détention.
"Il apparait de plus en plus clairement que la qualification terroriste a été utilisée imprudemment", dénonçait à cette période l'ancien président français François Hollande, alors président de l'assemblée du département de Corrèze, en parlant "d'une affaire politique".
Aujourd'hui, l'accusation repose pour l'essentiel sur un procès verbal de surveillance policière du couple Coupat-Levy.
La défense conteste la véracité du document truffé d'erreurs. Elle réclame un transport du tribunal sur les lieux du sabotage pour qu'il se rende compte de ces "invraisemblances".
Le procès est prévu jusqu'au 30 mars.
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