Cette visite est destinée à calmer la colère des habitants de l'archipel qui subit une forte pression migratoire venue des Comores, à seulement 70 km de ses côtes. Une grande partie de la population de Mayotte (environ 250.000 habitants) voit dans cette immigration la principale cause de la délinquance et des problèmes sociaux.
Depuis le 20 février, Mayotte est secouée par une "grève générale" contre l'insécurité. Malgré l'annonce par le gouvernement de futurs renforts de forces de l'ordre, notamment pour sécuriser la rentrée scolaire ce lundi après des violences dans certains lycées, plusieurs milliers de personnes ont encore manifesté la semaine dernière lors d'une journée "île morte".
"Je suis ici pour débattre avec vous des mesures de sécurité terrestre et des mesures de lutte contre l'immigration", a déclaré lundi la ministre des Outre-mer à des manifestants peu après son arrivée sur l'île.
Avant sa venue, l'intersyndicale et le Collectif des citoyens à l'origine du mouvement de protestation lui avaient reproché "sa méconnaissance du territoire". Ils exigeaient la venue de "quelqu'un qui puisse engager le gouvernement", comme le chef de l'Etat, le Premier ministre ou le ministre de l'Intérieur.
Le mouvement a pris jusqu'ici de multiples formes: manifestations dans les rues du chef-lieu, opération escargot, opération "île morte", barrages sur les principaux axes routiers... Après trois semaines de conflit, la situation s'est encore tendue dimanche, avec le blocage du port principal de l'île.
Vendredi, l'intersyndicale a appelé la population "à descendre massivement dans les rues" du chef-lieu Mamoudzou mardi. Elle a également demandé "aux maires de fermer les établissements scolaires" et invité les parents à garder leurs enfants à la maison jusqu'à nouvel ordre.
Face à la détermination des manifestants, le gouvernement a jusqu'ici alterné les appels au dialogue et la fermeté.
Des renforts de sécurité sont arrivés à Mayotte en fin de semaine pour sécuriser établissements et transports scolaires, portant selon le gouvernement "à 987 le nombre de forces de l'ordre déployées sur le territoire".
'Repartir de zéro'
Mais le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a assuré dimanche que la rentrée scolaire aurait bien lieu comme prévu lundi. L'Etat, a-t-il dit, "assumera pleinement ses responsabilités, la rentrée des classes se fera demain matin à Mayotte".
S'adressant à ceux, en particulier les élus locaux, qui ne souhaitent pas que la rentrée ait lieu, il a déclaré : "La République n'abandonne pas Mayotte, n'abandonnez pas la République".
Autre point de fixation, sur lequel la ministre des Outre-mer devra tenter d'apaiser l'inquiétude de ses interlocuteurs: la question de l'immigration et de la maternité de Mayotte en particulier.
Le gouvernement a indiqué qu'il réfléchissait à "un statut extra-territorial" pour cette maternité afin que les naissances très nombreuses n'y "permettent pas obligatoirement d'obtenir la nationalité française".
Dix mille naissances ont lieu chaque année dans cette maternité, a rappelé le porte-parole du gouvernement, "dont 70% issues de parents étrangers, pour être clair venant des Comores pour l'immense majorité d'entre eux, c'est une vraie difficulté".
En visite sur l'île début mars, le président des Républicains (droite) Laurent Wauquiez avait demandé une réforme du droit du sol à Mayotte, pour lutter contre l'immigration clandestine. Une solution rejetée par le gouvernement.
Benjamin Griveaux a estimé qu'il fallait "mettre autour de la table les élus locaux, les sociaux-professionnels, le monde économique, l'administration" et "repartir de zéro" pour tenter de répondre aux difficultés de l'île.
A LIRE AUSSI.
Girardin à Mayotte pour tenter de trouver une issue à la crise
Marine Le Pen a réussi une percée inédite dans les outre-mer
Philippe annonce de nouvelles aides pour St-Martin et St-Barthélemy
Mayotte relève le défi de recenser sa population dans les bidonvilles
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.