La ministre des Transports Elisabeth Borne doit présenter mercredi, en Conseil des ministres, le projet de loi autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances pour lancer sa réforme, un débat étant prévu au Parlement à la mi-avril.
Le texte --objet d'arbitrages entre son cabinet, Matignon et l'Élysée-- devrait rester assez vague dans l'immédiat, dit-on au gouvernement.
Il s'agit notamment de "lister les thèmes des réformes": notamment la transcription dans la loi française des textes européens qui prévoient l'ouverture à la concurrence, la transformation de la SNCF en société nationale à capitaux publics et la suppression du statut de cheminot pour les nouvelles recrues.
L'idée du Premier ministre Édouard Philippe est ensuite de remplacer progressivement les ordonnances par des amendements législatifs, au fur et à mesure que la concertation avec les syndicats et le débat parlementaire avanceront, pour les cantonner "aux seuls aspects techniques".
En annonçant sa réforme en février, M. Philippe a aussi demandé à la SNCF de lui proposer avant l'été un "projet stratégique", pour qu'elle soit plus efficace. Et Guillaume Pepy doit en présenter jeudi matin "le menu" à Mme Borne. C'est-à-dire les thèmes, la méthode et le calendrier.
Le patron de la SNCF a déjà dressé la liste des thèmes qu'il compte aborder: "efficacité industrielle, compétences élargies dans les métiers, création de nouveaux métiers polyvalents, accélération digitale, organisation locale du travail, simplification, et nouvelle organisation."
M. Philippe veut en particulier que la SNCF "(aligne) ses coûts sur les standards européens", quand "faire rouler un train en France coûte 30% plus cher qu'ailleurs".
A cet égard, le statut représente un tiers de ces surcoûts, selon la direction. Quant à l'organisation du travail, la même direction a encore en travers de la gorge l'intervention du gouvernement précédent qui avait torpillé ses projets d'optimisation au printemps 2016, pour éviter une grève illimitée à la veille de la coupe d'Europe de football, en pleine mobilisation contre la loi El Khomri.
#JaimelaSNCF
Le débat a gagné les réseaux sociaux, avec notamment la floraison du mot-clef #JaimelaSNCF, repris aussi bien par des cheminots fiers de leur métier que des dirigeants de l'entreprise... et aussi avec ironie par des voix critiques se plaignant par exemple du retard de leur train.
"Il y a chez les cheminots une crainte de l'ouverture à la concurrence et la volonté d'avoir une entreprise solide pour y faire face. Il y aussi la fierté de montrer que le rail français est le meilleur", observe un ministre pour qui le gouvernement "n'est pas tombé dans la caricature du cheminot fainéant".
Les syndicats de cheminots affichent un front unitaire depuis l'annonce du recours aux ordonnances et de la fin des recrutements au statut. Ils ont notamment appelé à manifester le 22 mars, jour de mobilisation des fonctionnaires.
Les quatre organisations représentatives --CGT, Unsa, SUD Rail et CFDT-- ont choisi d'attendre les annonces du gouvernement et de M. Pepy, avant de décider, jeudi soir, s'ils lancent ou non une grève dure.
SUD Rail a déjà indiqué qu'il "(exigerait) de l'intersyndicale qu'elle fixe unitairement une date de départ en grève reconductible".
SUD et la CGT manifesteront dès lundi soir devant le lieu festif où la direction de la SNCF célébrera les 80 ans de l'entreprise, près de la Gare de Lyon à Paris. La CFDT y prévoit une opération "originale".
La fête de lundi était "prévue de longue date", et le public pourra encore profiter des animations pendant plusieurs semaines. "La vie continue par ailleurs, il n'y a pas que la réforme", dit-on à la direction.
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