"Il y a plus de patients que de nombre de lits d'hospitalisation." Au centre hospitalier du Rouvray (Seine-Maritime), établissement spécialisé dans la lutte contre les maladies mentales, c'est l'inquiétude. Jean-Yves Herment est secrétaire CFDT de l'hôpital et pour lui, "la situation n'est pas tenable".
"Cette sur-occupation représente de mauvaises conditions d'accueil pour les patients car certains sont installés sur des lits de camp ou des chaises en attendant hypothétiquement d'avoir un lit et c'est aussi une dégradation des conditions de travail pour le personnel", explique le représentant syndical.
30 à 35 patients supplémentaires
Une situation déjà décrite au début des années 2010. Un mouvement social a eu lieu à la fin de l'année 2011 et au début de l'année 2012. L'agence régionale de santé avait alors apporté une aide financière pour permettre un recrutement de personnel. Mais "depuis l'année dernière, il y a à nouveau un pic d'activité", raconte Jean-Yves Herment et "c'est encore pire depuis janvier 2018".
Un Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a été organisé en février. "Il a été décidé de fermer ces lits d'urgence, raconte Jean-Yves Herment. La direction a acté cette fermeture mais dans les faits, il n'y a rien qui se passe. On est dans une espèce de fuite en avant de l'activité."
En moyenne, il y aurait 30 à 35 patients supplémentaires. Pour le représentant syndical, il y a deux conséquences : "Le CH du Rouvray était déjà en pénurie de personnel et là, c'est encore pire donc ça rajoute de mauvaises conditions de travail que ce soit en termes de surveillance mais aussi en termes d'écoute parce que le personnel a besoin de parler aux patients et là, on a l'impression d'être dans une usine."
La seconde conséquence concerne les conditions d'accueil : "Quand vous êtes sur un lit de camp pendant trois semaines ou un mois ou toute une nuit sur une chaise, ce ne sont pas de bonnes conditions d'hospitalisation, notamment pour des patients en psychiatrie qui sont en souffrance mentale."
"Accueillir pour accueillir, ça n'a pas de sens, on se doit d'accueillir les gens, c'est sûr mais dans de bonnes conditions."
Deux solutions sont possibles d'après Jean-Yves Herment : "Soit on rajoute des lits et alors on rajoute aussi du personnel, du mobilier et des lits adaptés, soit on n'a pas les moyens de le faire, ce qui est le cas actuellement, donc il faut fermer ces lits fantômes qui créent de mauvaises conditions d'accueil."
Alors où accueillir les patients ? "Il faut réfléchir à dire aux urgences du CHU 'on n'a plus de place'. Sinon demain on fait quoi ? On met des tentes dehors ? Accueillir pour accueillir, ça n'a pas de sens, on se doit d'accueillir les gens, c'est sûr, mais dans de bonnes conditions."
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