Les prévenus, pour la plupart membres du syndicat CGT, doivent répondre de violences et de dégradations commises le 5 octobre 2015. Ce jour-là, une manifestation contre un projet de restructuration menaçant plusieurs milliers d'emplois avait dégénéré à l'aéroport de Roissy avec l'envahissement par la foule d'une salle où se tenait un Comité central d'entreprise (CCE).
Violemment pris à partie alors qu'ils exposaient le plan, Xavier Broseta, DRH d'Air France à l'époque, et Pierre Plissonnier, ex-responsable du long-courrier, désormais retraité, avaient dû fuir sous les huées, torse nu pour le premier, la chemise en lambeaux pour le second.
Les images des deux cadres escaladant un grillage pour échapper aux manifestants avaient été abondamment reprises et avaient terni la réputation de la France en matière de dialogue social.
Lundi, quatre anciens salariés, qui ont depuis été licenciés, comparaîtront pour violences. Trois d'entre eux ont été condamnés à trois et quatre mois de prison avec sursis en première instance, fin novembre 2016 à Bobigny. Le quatrième a été relaxé mais le parquet a fait appel.
Les huit autres prévenus, qui ont été condamnés à 500 euros d'amende, seront rejugés pour des dégradations commises sur le portail d'accès au siège.
Contexte social différent
Ce nouveau procès, qui doit se tenir devant la cour d'appel de Paris sur cinq après-midi jusqu'au 20 mars, s'ouvre dans un contexte différent: la compagnie a sensiblement redressé sa situation financière, renouant avec les bénéfices.
En conséquence, les syndicats qui manifestaient en 2015 contre un éventuel plan social, mobilisent aujourd'hui pour réclamer leur "part du gâteau". Ils exigent une revalorisation des grilles salariales de 6% et une large intersyndicale appelle à une grève le 23 mars. Un mois après un précédent mouvement qui avait conduit à l'annulation d'un quart des vols.
Avant l'audience d'appel, Air France a dit "regretter que ce procès se poursuive, imposant à toutes les victimes de se replonger dans ces évènements, qui ont été choquants pour tous", a-t-elle indiqué dans un communiqué transmis à l'AFP.
Le jugement du tribunal de Bobigny "qui a condamné sans ambiguïté les violences, était un jugement mesuré". Il aurait dû "permettre de tourner la page du triste épisode des violences" du 5 octobre 2015, a-t-elle ajouté.
De son côté, comme elle l'avait fait en première instance, Me Lilia Mhissen, qui défend dix des prévenus, entend dénoncer un "dossier monté totalement à charge à partir de vidéos qui ont fait l'objet de montages et de ralentissements", tandis que d'autres, susceptibles de disculper ses clients, ont été écartées de la procédure.
Depuis l'envahissement du CCE, la direction a pris plusieurs fois la précaution de "délocaliser" à Paris des séances de négociation avec les syndicats, par crainte de nouveaux débordements. Une situation que la CGT a l'intention de dénoncer lors d'un rassemblement qui se tiendra à midi, avant l'ouverture des audiences.
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