D'une loyauté extrême envers le président dont il a coordonné les finances de campagne, Steven Mnuchin, un ancien banquier mais aussi ex-producteur d'Hollywood, a toujours essayé de promouvoir, au moins dans son discours, une version soft de l'"Amerique d'abord" chère à Donald Trump.
Il avait initialement défendu la position de l'ex-banquier libéral Gary Cohn de surseoir aux massifs tarifs douaniers sur les importations d'acier et d'aluminium.
Mais il s'est vite rangé derrière la démarche présidentielle sous la pression des adeptes des mesures fortes: l'ancien repreneur d'entreprises et ministre du commerce Wilbur Ross et l'idéologue du nationalisme économique à la Maison Blanche, l'intransigeant conseiller au commerce, Peter Navarro.
Après l'annonce coup de tonnerre d'infliger ces taxes qui a secoué les marchés et suscité une levée de boucliers dans les deux camps politiques comme parmi les industriels consommateurs d'acier, M. Mnuchin n'a cessé de faire le tour des plateaux de télévision pour délivrer un message d'apaisement.
"Le président n'est pas protectionniste, il est pour un commerce équitable ", a-t-il assuré. Donald Trump agit, selon lui, comme "le représentant en chef des entreprises américaines". Mais comme "c'est un président non-conventionnel, il obtient des résultats auxquels on ne parviendrait pas sinon", a-t-il expliqué, osant une comparaison avec les sanctions américaines contre la Corée du Nord qui semblent déboucher sur l'ouverture d'un dialogue.
Les tarifs douaniers ne sont que "l'évolution naturelle de la politique économique de cette présidence", a encore affirmé le ministre des finances répétant mot pour mot ses déclarations apaisantes lorsqu'au début de la présidence Trump il s'adressait à ses homologues du G7, effarouchés par les menaces protectionnistes du nouveau président américain.
Ce proche de Donald Trump, si souvent dans les bureaux de la Maison Blanche contigüe au bâtiment du Trésor, a assuré que l'administration négociait "des dérogations" et qu'il était en discussion avec de nombreux partenaires sur ce point.
Après avoir confirmé en milieu de semaine que le Canada et le Mexique seraient exclus de ces mesures punitives moyennant un accord sur l'Aléna (Nafta), il a encore adouci le ton en précisant vendredi que d'autres pays, mais aussi d'autres "produits spécifiques" seraient bientôt sur la liste des exemptions.
Mais, jusqu'ici, cette rhétorique lénifiante ne semblait guère rassurer les partenaires commerciaux contre les risques d'une guerre commerciale mondiale face aux adeptes de la ligne dure désormais en position forte à la Maison blanche.
"Clairement les protectionnistes dirigent le show maintenant", a averti Brian Gardner, directeur général de la banque d'investissement Keefe, Bruyette and Woods. "Si Cohn est remplacé par un autre nationaliste économique, cela devient hasardeux pour les marchés et les investisseurs", assure-t-il.
Dynamique du chaos
Peter Navarro, le bouillant anti-mondialiste qui tient la Chine dans son collimateur, serait sur les rangs pour prendre la place de conseiller économique en chef du président Trump, affirme le Wall Street Journal.
Un temps placé dans l'ombre de Gary Cohn à qui il devait envoyer en copie ses emails au président Trump, M. Navarro, un diplômé d'Harvard, ancien professeur d'économie au ton incendiaire et coriace a bâti sa réputation sur des livres-brûlots contre la Chine. Il a su revenir en force au point de provoquer la démission de M. Cohn, l'ancien numéro deux de Goldman Sachs, respecté par les marchés.
"Je me moque qu'on essaye de me déjouer, je veux juste que les choses se fassent", a-t-il dit.
Le conflit au sein de la Maison blanche entre les tenants du mondialisme commercial et ceux des barrières protectionnistes semble en tout cas avoir réjoui Donald Trump et son goût pour la dynamique du chaos.
"J'aime quand deux personnes ont des points de vue différents", a déclaré l'ancien héros de télé-réalité. "J'aime voir ça. Après je prends une décision. C'est la meilleure façon de faire", a-t-il assuré en conférence de presse.
L'hôte de la Maison Blanche a même laissé entendre jeudi que Gary Cohn pourrait très bien faire "un come back". "Bon, peut-être pas au même poste puisqu'il n'est pas très en phase avec ces taxes", a-t-il ironisé relançant peut-être d'anciennes rumeurs, selon lesquelles le respecté conseiller économique pourrait remplacer le secrétaire général de la Maison Blanche, John Kelly.
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