Affaiblie par son score décevant à la présidentielle (33,90%), la présidente du FN doit conclure par un discours un "congrès de la refondation", dimanche après-midi, au terme duquel elle entend enterrer le Front national sous cette appellation.
Samedi, au premier jour de ce grand raout en présence de 1.500 participants, les instances dirigeantes du parti d'extrême droite ont assuré que 52% des militants avaient approuvé le principe du changement de nom, au terme d'une consultation dont le dépouillement n'a toutefois pas été supervisée par un huissier.
Selon toute vraisemblance, le mot "front" disparaîtra de la prochaine appellation, mais pas "national".
"Rassemblement national", fusion sémantique de "Front national" et "Rassemblement bleu marine", pourrait tenir la corde, selon plusieurs observateurs. Cela rappelle le nom du groupe parlementaire frontiste à l'Assemblée nationale entre 1986 et 1988 ("Front national-Rassemblement national").
La proposition de nom devra ensuite être entérinée par un vote militant dans les prochaines semaines.
Sans aucun suspense, les résultats du vote sur les nouveaux statuts, qui suppriment la présidence d'honneur dévolue à Jean-marie Le Pen, doivent être annoncés dimanche. Mais l'ordre d'arrivée des candidats au "parlement du parti", qui mesure la popularité et la disgrâce des uns et des autres, sera largement scruté.
Marine Le Pen doit ensuite donner la composition du nouveau bureau politique, où seront guettés les nouveaux entrants. La journée doit en outre être marquée par une manifestation d'opposants, à Lille, à 11H00.
Objectif: poursuivre l'entreprise de dédiabolisation entamée depuis le prise du parti par Mme Le Pen, en 2011.
L'exemple italien
Invité surprise du premier jour du congrès, samedi, Steve Bannon, sulfureux ex-conseiller de Trump, a voulu remonter le moral des troupes: "L'Histoire est de notre côté et va nous mener de victoire en victoire", a assuré cet ex-banquier, incarnation de la droite américaine la plus dure.
Il a par ailleurs salué les vues de Marine Le Pen. "Elle l'a parfaitement décrit: considérez-vous l'État-nation comme un obstacle à dépasser ou comme un joyau qui doit être poli, chéri, entretenu?", a-t-il interrogé, en appelant à suivre l'exemple des populistes du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue, arrivés en tête des législatives italiennes la semaine dernière.
Largement applaudi, celui qui est régulièrement soupçonné d'accointances avec les suprémacistes blancs a ensuite fait huer les médias, selon lui aux ordres de l'"establishment".
La venue de Steve Bannon, annoncée à la dernière minute vendredi soir, a toutefois inspiré la circonspection de Jean-Marie Le Pen quant à l'objectif poursuivi de gagner en respectabilité: ça n'est "pas exactement la définition de la +dédiabolisation+", a-t-il raillé depuis Paris.
Nicolas Bay, vice-président du FN, a voulu relativiser: selon lui, Bannon apporte "une contribution" au parti, "mais on n'est pas forcément d'accord avec tout ce qu'il dit, lui ou Trump".
Marine Le Pen, qui doit être triomphalement réélue à la présidence faute de concurrents, doit quoi qu'il en soit encore convaincre: son image s'est dégradée depuis le débat "raté" entre les deux tours de la présidentielle face à Emmanuel Macron, au point que certains militants se demandent si elle a encore la capacité à diriger sa formation.
Selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, 39% des Français souhaitent une candidature de Marine Le Pen à la prochaine présidentielle, en recul de deux points par rapport à septembre 2017, contre 61% qui ne la souhaitent pas.
Si, selon elle, il n'y a "rien d'étonnant" à subir "un trou d'air" après sept années d'"expansion" de son parti, elle instille toutefois le doute sur son avenir en assurant qu'elle ne va pas "s'éterniser" à son poste et qu'elle est prête à le céder à quelqu'un de "mieux placé".
Chez beaucoup de militants, un seul nom revient: Marion Maréchal-Le Pen. Mais l'ex-députée du Vaucluse, petite-fille du co-fondateur et nièce de la présidente, n'a pas fait le déplacement à Lille.
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