Steve Bannon, incarnation de la droite américaine la plus dure, qui a dirigé la campagne présidentielle de Donald Trump dans la dernière ligne droite avant de devenir son conseiller à la Maison Blanche, doit intervenir samedi en fin d'après-midi.
"Il va nous expliquer que la victoire est possible", a justifié Sébastien Chenu, porte-parole du FN, interrogé sur la venue de cette personnalité américaine influente et controversée, annoncée vendredi soir par le vice-président du parti Louis Aliot.
Le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner, le qualifiant de "roi des Fake news et des suprémacistes blancs", a estimé qu'avec M. Bannon le FN allait peut-être changer "de nom, mais pas de ligne politique".
C'est une visite "paradoxale" qui n'est "pas exactement la définition de la +dédiabolisation+" lancée depuis 2011, a commenté le cofondateur du FN Jean-Marie Le Pen. L'ancien président du parti, exclu par sa fille pour ses propos polémiques sur la Shoah, a avoué sa "sympathie" pour M. Bannon lors d'une séance de dédicace de ses mémoires à Paris.
Un parti 'adulte'
Ce congrès doit parachever la refondation du FN engagée par Marine Le Pen depuis qu'elle en est devenue présidente en 2011, en vue des élections européennes l'an prochain où elle croit à une victoire des populistes comme en Italie.
"Le Front national est devenu adulte. (...) Il est passé d'un parti d'abord de protestation dans sa jeunesse, puis d'un parti d'opposition à un parti de gouvernement", a déclaré vendredi Mme Le Pen.
"Changer le nom, c'est une des manières de le faire savoir", a ajouté la finaliste de la présidentielle, battue par Emmanuel Macron après avoir engrangé un record de près de 11 millions de voix (33,9%) au second tour.
A l'entrée du Grand palais de Lille, Sarah Fert, enseignante de 26 ans venue de Rouen, pense qu'il faut "repartir sur d'autres bases". "On sort d'une grande période électorale, il est temps de refédérer" le parti.
Le changement de nom a été validé par une "courte majorité" de militants, a affirmé Mme Le Pen, qui proposera dimanche une nouvelle appellation avant de la soumettre à un vote des militants.
Mais Jean-Marie Le Pen met en doute ce résultat, et un cadre frontiste a dit avoir eu écho d'une "courte majorité +contre+ le principe d'un changement de nom".
Pour le responsable des jeunes au FN, Gaëtan Dussausaye, il faut "ravaler sa fierté" et changer de nom car "la marque FN est encore un blocage pour les électeurs".
'Trou d'air'
"J'ai toujours préféré le mot nation au mot patrie", confie Marine Le Pen, qui trouve "ringard" le terme "patriotes", pris par son ancien conseiller Florian Philippot pour son propre parti. Elle ne veut plus de "front", trop "militaire".
Marine Le Pen, dont l'image s'est dégradée depuis la présidentielle selon de récents sondages, estime qu'il n'y a "rien d'étonnant" à subir "un trou d'air" après sept années "d'expansion" pour son parti.
Après son débat "raté" entre les deux tours face à Emmanuel Macron, certains militants se demandent si elle a encore la capacité à diriger le parti.
Elle-même instille le doute, jurant qu'elle "n'a pas terminé (son) travail" mais qu'elle ne va pas "s'éterniser" à son poste et qu'elle est prête à le céder à un successeur "mieux placé".
Depuis la présidentielle, elle a subi deux grandes défections: sur sa gauche, celle du souverainiste Florian Philippot, qui fustige un congrès "de liquidation", et sur sa droite, la mise en retrait de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen.
Très appréciée dans le parti, l'ex-députée a fait un retour remarqué devant les ultra-conservateurs américains le mois dernier, mais n'est pas attendue à Lille. Steve Bannon l'a qualifiée en 2016 de "nouvelle étoile montante" de l'extrême droite.
Marine Le Pen a aussi essuyé des coups de son père, qui conteste sa ligne. Mais ce dernier a renoncé à un dernier coup d'éclat et n'ira pas au congrès --une première pour lui--, où il sera déchu de sa présidence d'honneur.
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