Depuis le 18 février, les forces loyales au président Bachar al-Assad ont soumis l'enclave rebelle assiégée à un déluge de feu qui a coûté la vie à plus de 975 civils et provoqué des destructions colossales.
Face à l'impuissance de la communauté internationale à arrêter le bain de sang et au soutien indéfectible de l'allié russe, le régime s'est dit déterminé à reconquérir le bastion rebelle où quelque 400.000 habitants subissent un siège asphyxiant depuis 2013.
Les forces du régime ont déjà repris plus de la moitié de l'enclave vaste de 100 km2 et continuent de progresser en dépit d'une tentative de contre-offensive des rebelles.
Samedi, elles "ont isolé Douma du reste de la Ghouta orientale, après avoir pris le contrôle de la route la reliant à Harasta à l'ouest et à Misraba au sud", a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Elles sont parvenues ainsi à diviser la Ghouta orientale en trois: Douma et sa périphérie au nord, Harasta à l'ouest et le reste des localités au sud.
Leur objectif est d'affaiblir les factions rebelles contrôlant l'enclave, d'où des obus sont tirés sur des secteurs de la capitale Damas, fief du pouvoir, faisant des victimes.
Selon un correspondant de l'AFP à Douma, la ville était en milieu de journée la cible de bombardements aériens et à l'artillerie. Les rues sont désertes.
En outre, les ambulances transportant les blessés parviennent difficilement à atteindre les hôpitaux ou cliniques de fortune à cause de l'intensité des bombardements.
"Les loyalistes progressent sur plusieurs fronts", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "Les avions syriens et russes ont largué des barils d'explosifs sur Douma" et poursuivent les raids sur d'autres localités.
Vaine contre-offensive
L'offensive a commencé par une campagne aérienne d'une rare violence, même à l'échelle d'un pays ravagé depuis le 15 mars 2011 par une guerre qui a tué plus de 340.000 personnes. Elle a été suivie par des assauts terrestres qui ont permis aux prorégime de progresser rapidement.
En près de trois semaines, 976 civils ont péri dont 208 enfants et plus de 4.300 ont été blessés, selon l'OSDH.
Les groupes rebelles ont tenté, en vain, une contre-offensive avant de reculer samedi sous la pluie de bombes du régime et la progression au sol.
"Des combats ont eu lieu avec le groupe Jaich al-Islam aux abords de Douma tandis que d'autres ont opposé le régime au groupe Faylaq al-Rahmane", selon M. Abdel Rahmane.
Le régime cherche depuis le début du conflit à assiéger les fiefs rebelles, parfois jusqu'à la famine, comme cela fut le cas dans la ville de Madaya fin 2015, avant de les soumettre à une vaste offensive aérienne et terrestre pour les reconquérir.
Depuis le 18 février, seuls deux convois d'aide ont pu entrer dans la partie rebelle dans la Ghouta pour venir en aide à la population, à la faveur d'une trêve quotidienne et partielle annoncée par les Russes, qui n'a néanmoins pas fait cesser les hostilités.
Un appel fin février du Conseil de sécurité de l'ONU à une trêve d'un mois est restée lettre morte.
M. Assad a lui-même averti que l'assaut se poursuivrait pour la reprise de la Ghouta. Son vice-ministre Affaires étrangères Ayman Soussane a assuré que "les terroristes goûteront à la défaite prochainement dans la Ghouta, comme ils l'ont connue à Alep".
- La ville d'Afrine menacée -
Alep, deuxième ville du pays, a été reprise en décembre 2016 après un siège asphyxiant et des bombardements dévastateurs du régime et de l'allié russe.
Grâce à l'intervention militaire en 2015 de la Russie en Syrie, le régime Assad a enchaîné les victoires contre les rebelles et les jihadistes, parvenant à reprendre le contrôle de plus de moitié du pays.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a accusé mercredi le régime syrien de planifier "l'apocalypse" dans son pays.
Sur un autre front de la guerre en Syrie, les soldats turcs et leurs supplétifs syriens ont avancé vers la ville d'Afrine, contrôlée par les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde de Syrie qualifiée de "terroriste" par Ankara.
"Les forces turques ne sont plus qu'à 4 km d'Afrine", selon l'OSDH.
La Turquie mène depuis le 20 janvier une offensive pour chasser les YPG d'Afrine, région frontalière.
L'offensive a coûté la vie à plus de 200 civils, selon l'OSDH.
Déclenché par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie s'est progressivement complexifié avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères.
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