"Il va nous expliquer que la victoire est possible, comment on peut s'y prendre", a justifié samedi Sébastien Chenu, porte-parole du FN, interrogé sur cette participation annoncée vendredi soir seulement par le vice-président du parti Louis Aliot.
Steve Bannon, incarnation de la droite américaine la plus dure, qui a dirigé la campagne présidentielle de Donald Trump dans la dernière ligne droite avant de devenir son conseiller à la Maison Blanche, doit intervenir en fin d'après-midi.
"Le roi des Fake news et des suprémacistes blancs au congrès du FN....Pourquoi je ne suis pas surpris? Changement de nom, mais pas de ligne politique!", a analysé le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner.
Ce congrès doit parachever la refondation du FN engagée par Marine Le Pen depuis qu'elle en est devenue présidente en 2011, en vue des élections européennes l'an prochain où elle croit à une victoire des populistes comme en Italie.
"Le Front national est devenu adulte. Le Front national aujourd'hui a changé de nature. Il est passé d'un parti d'abord de protestation dans sa jeunesse, puis d'un parti d'opposition à un parti de gouvernement", a déclaré vendredi Mme Le Pen.
"Changer le nom, c'est une des manières de le faire savoir", a ajouté la finaliste de la présidentielle, battue par Emmanuel Macron après avoir engrangé un record de près de 11 millions de voix (33,9%) au second tour.
Ce changement de nom a été validé par une "courte majorité" de militants, a affirmé Mme Le Pen, qui doit proposer dimanche une nouvelle appellation avant de la soumettre à un vote des militants.
Mais son père Jean-Marie Le Pen, co-fondateur du parti, met en doute ce résultat, et un cadre frontiste a dit avoir eu écho d'une "courte majorité +contre+ le principe d'un changement de nom".
Pour le responsable des jeunes au FN, Gaëtan Dussausaye, il faut "ravaler sa fierté" et changer de nom car "la marque FN est encore un blocage pour les électeurs".
Mme Le Pen trouve "ringard" le nom des "Patriotes", choisi par son ancien conseiller Florian Philippot pour son propre parti. "J'ai toujours préféré le mot nation au mot patrie", confie la députée du Pas-de-Calais, qui ne veut plus de "front", trop "militaire".
"trou d'air"
Marine Le Pen, dont l'image s'est dégradée depuis la présidentielle selon de récents sondages, estime qu'il n'y a "rien d'étonnant" à subir "un trou d'air" après sept années "d'expansion" pour son parti.
Après son débat "raté" entre les deux tours face à Emmanuel Macron, certains militants se demandent si elle a encore la capacité à diriger le parti.
Elle-même instille le doute, jurant qu'elle "n'a pas terminé (son) travail" mais qu'elle ne va pas "s'éterniser" à son poste et qu'elle est prête à le céder à un successeur "mieux placé".
Depuis la présidentielle, elle a subi des défections sur sa gauche, avec le départ du souverainiste Florian Philippot, qui a fustigé vendredi un congrès "de liquidation", et sur sa droite, avec la mise en retrait de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen. Très appréciée dans le parti, l'ex-députée a fait un retour remarqué devant les ultra-conservateurs américains le mois dernier, mais n'est pas attendue à Lille.
Marine Le Pen a aussi essuyé des coups de son père, qui conteste sa ligne. Mais celui qui fut président du FN pendant 39 ans a renoncé à un dernier coup d'éclat et n'ira pas au congrès --une première pour lui.
Désireuse de "dédiaboliser" un parti au passé sulfureux, Marine Le Pen l'avait exclu en 2015 pour ses propos polémiques sur la Shoah. Samedi il dédicacera ses mémoires à Paris, alors que le congrès de Lille marquera la disparition de sa présidence d'honneur.
Enfin le FN a perdu vendredi l'un de ses deux sénateurs. Claudine Kauffmann (Var), déjà suspendue du FN pour avoir comparé l'immigration à l'occupation nazie, a annoncé sa démission du parti en dénonçant le "népotisme" qui y règne.
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