La présidente du FN, assurée d'être réélue faute de concurrent, mais qui suscite des doutes sur son avenir, veut ainsi parachever la refondation de son parti engagée depuis son arrivée à sa tête en 2011, en vue des élections européennes l'an prochain où elle croit à une victoire des populistes comme en Italie.
A cet égard Steve Bannon, ancien influent conseiller du président américain Donald Trump, viendra s'exprimer devant les congressistes samedi.
"Nous sommes à un tournant de l'histoire de notre mouvement (...). C'est un rendez-vous avec le pays que nous ne devons pas rater", affirme la finaliste de la présidentielle, battue par Emmanuel Macron après avoir engrangé un record de près de 11 millions de voix (33,9%) au second tour.
Selon elle, le principe d'un changement de nom du FN a été validé par une "courte majorité" de militants, invités à se prononcer dans un questionnaire dont les résultats seront présentés samedi.
Mais son père Jean-Marie Le Pen, co-fondateur du parti, met en doute ce résultat. Un cadre frontiste dit aussi avoir eu écho d'une "courte majorité +contre+ le principe d'un changement de nom".
Hélène Rakocevic, étudiante de 20 ans, ne se souvient même plus du nom qu'elle a proposé dans le questionnaire. Ce qu'elle veut d'abord, c'est "l'émergence de nouvelles têtes".
Le responsable des jeunes au FN, Gaëtan Dussausaye, soutient à l'inverse qu'il faut "ravaler sa fierté" et changer de nom car "la marque FN est encore un blocage pour les électeurs".
Pour convaincre la moitié de ses partisans qui hésitent ou n'en veulent pas, la dirigeante frontiste proposera dimanche une nouvelle appellation, qui sera soumise à un vote ultérieur des militants, par courrier.
Zidane
Mme Le Pen trouve "ringard" le nom des "Patriotes", choisi par le nouveau parti créé par son ancien conseiller Florian Philippot. "J'ai toujours préféré le mot nation au mot patrie", confie la députée du Pas-de-Calais, qui ne veut plus de "front", trop "militaire".
Marine Le Pen, dont l'image s'est dégradée depuis la présidentielle selon de récents sondages, estime qu'il n'y a "rien d'étonnant" à subir "un trou d'air" après sept années "d'expansion" pour son parti.
Après son débat "raté" entre les deux tours face à Emmanuel Macron, elle déplore surtout que, "comme la tête" de Zinédine Zidane lors de la finale de la coupe du monde en 2006, "on s'en souvient encore".
Mais cet épisode conduit des militants à se demander si elle a encore la capacité à diriger le parti.
Elle-même instille le doute, jurant qu'elle "n'a pas terminé (son) travail" mais qu'elle ne va pas "s'éterniser" à son poste et qu'elle est prête à le céder à un successeur "mieux placé".
'Liquidation'
Depuis la présidentielle, elle a subi des défections sur sa gauche, avec le départ de son bras droit souverainiste Florian Philippot, qui a fustigé vendredi un congrès "de liquidation", et sur sa droite, avec la mise en retrait de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen, très appréciée dans le parti, qui a fait un retour remarqué devant les ultra-conservateurs américains le mois dernier.
Elle a même "épaté" sa tante, mais elle ne viendra pas au congrès.
La sénatrice du Var Claudine Kauffman a annoncé sa démission du parti en dénonçant le "népotisme" qui y règne, dans une lettre à la présidente du FN rendue publique vendredi.
Marine Le Pen a aussi essuyé des coups de son père, qui conteste sa ligne et le changement de nom. Mais soulagement pour elle, celui qui fut président du FN pendant 39 ans a renoncé à un dernier coup d'éclat et n'ira pas au congrès --une première pour lui.
Désireuse de "dédiaboliser" un parti au passé sulfureux, Marine Le Pen l'avait exclu en 2015 pour ses propos polémiques sur la Shoah. Samedi il dédicacera ses mémoires à Paris pendant que les militants à Lille devraient le déchoir de sa présidence d'honneur, lors d'un vote sur les statuts.
Outre le passage à vide post-présidentiel, le FN est au coeur de plusieurs affaires judiciaires.
Fin juin, Mme Le Pen a été mise en examen pour "abus de confiance" dans l'enquête sur des emplois fictifs présumés d'assistants d'eurodéputés.
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