Un juge de la Cour suprême a refusé vendredi d'accorder la permission de sortie de prison sollicitée par Jordi Sanchez, qui voulait se présenter au parlement régional pour être investi comme nouveau président de l'exécutif catalan.
Le président du parlement catalan Roger Torrent a annoncé dans la soirée dans un tweet que la séance d'investiture prévue lundi était "ajournée". Jordi Sanchez était l'unique candidat.
Elu député catalan le 21 décembre alors qu'il était déjà en prison, M. Sanchez a été désigné candidat après que Carles Puigdemont - poursuivi pour "rébellion" et "sédition" - avait renoncé à briguer la présidence régionale depuis Bruxelles où il s'est exilé.
"Ce n'est nullement une tragédie qu'il y ait de nouvelles élections, bien que ce ne soit pas la priorité et qu'aucun d'entre nous ne le veuille", a déclaré Carles Puigdemont dans une interview publiée vendredi par le quotidien nationaliste catalan El Punt Avui.
"Si nous revenons à des élections, ce sera à cause de l'irresponsabilité de l'Etat, qui n'a pas accepté les résultats du scrutin du 21 décembre", qui a redonné la majorité en sièges aux indépendantistes au parlement catalan, a affirmé M. Puigdemont dans l'interview publiée avant l'annonce de la décision du juge.
Si le blocage se prolongeait dans la région, il reviendrait au chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy de convoquer de nouvelles élections régionales.
Le porte-parole du gouvernement, Íñigo Méndez de Vigo, a répété qu'une "personne en détention provisoire n'est pas en situation d'exercer les fonctions qui incombent au président de la Catalogne".
M. de Vigo a demandé aux indépendantistes de trouver un candidat "capable d'exercer ses fonctions, dans le cadre légal".
Dans un écrit reçu par l'AFP, le juge d'instruction Pablo Llarena refuse la remise en liberté de M. Sanchez, en détention provisoire depuis le 16 octobre, en invoquant un "risque concret de récidive", refusant également une permission de sortie exceptionnelle.
M. Sanchez est accusé de "sédition" en lien avec une manifestation tendue convoquée en septembre par l'influente association indépendantiste ANC qu'il présidait alors, pour contrer des perquisitions de la garde civile.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty international considère "excessive" son incarcération, comme celle de Jordi Cuixart, dirigeant d'une autre association indépendantiste.
Deux autres figures de l'indépendantisme sont actuellement détenues pour leur rôle présumé dans le processus ayant abouti à la proclamation le 27 octobre d'une "République catalane": l'ancien vice-président du gouvernement régional Oriol Junqueras et l'ex-ministre régional de l'Intérieur Joaquim Forn.
La justice sera d'autant moins incline à les libérer que les deux grandes formations séparatistes, Junts per Catalunya de M. Puigdemont et Esquerra Republicana de Catalunya de M. Junqueras, ont conclu mercredi un accord pour poursuivre la confrontation avec Madrid.
Ils proposent d'élaborer une constitution pour la République catalane et de la soumettre à l'approbation des Catalans par référendum. Un précédent référendum, interdit par la justice, avait donné lieu à des violences policières le 1er octobre. Ils prévoient également de créer des institutions parallèles en Belgique, présidées par M. Puigdemont.
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