Scotland Yard a annoncé le renfort de militaires, près de 200 selon la presse, pour déplacer "un certain nombre de véhicules et d'objets" à Salisbury dans le sud de l'Angleterre, là où ont été retrouvés inconscients Sergueï Skripal et sa fille Youlia dimanche.
"Le public ne doit pas s'inquiéter et les conseils de santé publique restent les mêmes", a souligné la police, alors que le nom de l'agent innervant employé contre l'ex-agent double, la façon dont il a été administré et le lieu, restent flous.
"Nous avons les bonnes personnes avec les bonnes compétences pour aider dans cette enquête cruciale", a assuré le ministre de la Défense Gavin Williamson.
Le fait qu'un policier britannique a également été victime du poison rajoute de la pression sur la Première ministre Theresa May pour trouver les responsables.
"Un espion russe, passe encore, cela rappelle la Guerre froide, mais un citoyen britannique, policier de surcroît, il y a une implication nécessairement immédiate et forte des autorités britanniques", a déclaré à l'AFP Mathieu Boulègue, chercheur au cercle de réflexion londonien Chatham House.
L'ex-agent double de 66 ans et sa fille de 33 ans sont toujours hospitalisés dans un "état très grave" après cette attaque "scandaleuse", a déclaré la ministre de l'Intérieur Amber Rudd, qui s'est rendue sur place vendredi.
Le policier touché est dans un état "grave mais stable", bien qu'il soit conscient et puisse s'exprimer, selon le chef de la police de Wiltshire, Kier Pritchard.
L'ancien chef de Scotland Yard Ian Blair a laissé entendre que le policier aurait pu être contaminé en se rendant au domicile de M. Skripal.
"Il y a manifestement des indications selon lesquelles l'officier de police (...) est allé dans la maison (de Skripal, ndlr), tandis qu'un médecin qui s'est occupé des patients à l'air libre n'a pas été touché du tout", a-t-il déclaré sur BBC Radio 4. "Il peut donc y avoir des indices qui traînent".
Les cordons policiers ont été étendus autour de la maison de l'ex-espion, ainsi qu'autour de la tombe de son épouse Liudmila, décédée en 2012 d'un cancer, et de la pierre commémorative de son fils, Alexander, mort l'an dernier d'une maladie du foie.
'Pure propagande'
Pointée du doigt, la Russie nie farouchement toute implication.
Les accusations sont "de la pure propagande et cela vise à faire monter la tension", a balayé vendredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Mme May a promis qu'elle ferait "ce qui est approprié, ce qui est juste, s'il est prouvé" qu'un Etat est impliqué.
Selon le tabloïd The Sun, elle a demandé à ses ministres de préparer une "réponse puissante sur les plans diplomatique, économique et militaire".
"L'Angleterre dispose d'un certain nombres d'armes diplomatiques pour punir la Russie", note Mathieu Boulègue: "compliquer l'accès aux visas pour les ressortissants russes proches du pouvoir, évacuer un certain nombre de personnels diplomatiques anglais en Russie (...) ou à l'inverse pousser un certain nombre de diplomates et officiels russes hors du territoire britannique".
Le Royaume-Uni peut aussi décider de geler des avoirs d'oligarques proches du pouvoir, renforcer sa présence militaire en Europe de l'Est ou encore boycotter la Coupe du monde de football.
"Mais les relations bilatérales sont déjà tellement mauvaises que ce serait une goutte d'eau de plus dans un vase déjà extrêmement plein", ajoute Mathieu Boulègue.
En Russie, le présentateur d'un programme d'actualités, Kirill Kleimyonov, a qualifié M. Skripal de "traître à la patrie" et mis en garde "ceux qui rêvent d'une telle carrière", citant comme fins possibles "les attaques cardiaques, les accidents de voiture et finalement les suicides".
"Ne choisissez pas l'Angleterre comme futur pays de résidence", a-t-il aussi prévenu: "Ces dernières années il y a eu trop d'incidents étranges avec de graves résultats - des gens pendus, empoisonnés, morts dans des accidents d'hélicoptères ou défenestrés".
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