Plus de 940 civils, dont environ 200 enfants, ont été tués depuis le 18 février dans les assauts des forces prorégime qui cherchent à reprendre totalement ce dernier bastion rebelle aux portes de Damas, fief du pouvoir de Bachar al-Assad.
Médecins sans frontières (MSF) ont réclamé l'entrée sans entraves de matériel médical dans l'enclave rebelle, dénonçant une "terrible catastrophe médicale".
Après une nuit exceptionnellement calme dans le fief rebelle, un convoi de 13 camions transportant de la nourriture y est entré le matin, a indiqué la porte-parole à Damas du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Ingy Sedky.
Cette aide, qui n'avait pas pu être livrée lundi en raison des bombardements, a commencé à être distribuée à Douma, principale ville de l'enclave. Mme Ingy a exprimé son optimisme quant à la distribution de matériel médical la semaine prochaine.
Mais les bombardements qui ont repris en fin de matinée pourraient mettre en danger cette distribution, a averti le coordinateur humanitaire de l'ONU en Syrie, Ali al-Zaatari.
Il a fait état d'un pilonnage près de Douma en dépit d'"assurances de sécurité fournies par les parties dont la Russie", pays allié du régime.
Une vingtaine de raids ont visé les localités de Jisrine et Douma, faisant 20 blessés, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), alors que des sources concordantes ont fait état de négociations en vue de mettre fin aux hostilités et permettre la sortie des civils ou des combattants de l'enclave.
Besoin urgent
Jeudi, une livraison d'aides n'avait "pas été autorisée" par le régime "pour des raisons de sécurité", selon l'ONU.
MSF a dénoncé une "terrible catastrophe médicale" dans l'enclave rebelle. "Le matériel médical est extrêmement limité, les infrastructures médicales ont été frappées par des bombardements et des tirs d'artillerie et le personnel médical est à bout de force".
Quinze des 20 hôpitaux et cliniques soutenus par l'organisation ont été touchés par les bombardements, "réduisant encore plus leur capacité à prodiguer des soins médicaux", selon elle. "La nécessité d'un réapprovisionnement médical massif devient de plus en plus urgente".
A la faveur de leur offensive, les forces prorégime sont parvenues à reprendre plus de la moitié de l'enclave contrôlée par deux factions rebelles et où sont assiégés depuis 2013 quelque 400.000 habitants qui manquent de tout.
La Russie, dont des soldats sont sur place dans la Ghouta, a annoncé il y a 11 jours une "pause humanitaire" quotidienne de cinq heures pour permettre la sortie des civils et l'entrée de l'aide.
Les médias officiels syriens ont annoncé l'ouverture de deux nouveaux passages depuis jeudi, mais aucune sortie de civils n'a été enregistrée.
Négociations
Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, des négociations sont en cours en vue de mettre fin aux hostilités dans la Ghouta et permettre la sortie des civils ou des combattants de l'enclave.
L'agence officielle Sana a fait état "d'informations sur une sortie prévue plus tard dans la journée de dizaines de civils" via le passage d'al-Wafidine.
Un négociateur à Hammouriyé a déclaré à l'AFP qu'une "délégation civile" était sortie de la localité "pour négocier avec le régime en vue de parvenir à un règlement et la fin des combats à Hammouriyé".
"Assez de destructions et de morts! Nous voulons sauver nos enfants et tous ceux qui ne sont pas morts", lance Abou Ryad, 47 ans.
Des dizaines d'habitants de Hammouriyé ont manifesté arborant des drapeaux syriens, appelant à mettre fin aux combats, selon l'OSDH.
"Nous avons rencontré des habitants de la Ghouta qui ont exprimé leur souhait de sortir", a pour sa part déclaré à la presse Nasser al-Maamari, notable d'une tribu locale qui s'exprimait au passage d'Al-Wafidine.
Il a estimé à "plus de 300 le nombre de familles de Kafr Batna, Saqba et Hammouriyé souhaitant partir", faisant état en outre de discussions avec "500 combattants pour qu'ils remettent leurs armes à l'armée".
Déclenché par la répression de manifestations pro-démocratie, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication d'acteurs régionaux et internationaux et de groupes jihadistes. Il a fait plus de 340.000 morts.
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