Après plusieurs jours d'intenses spéculations, le président américain a signé, depuis la Maison Blanche, les deux documents controversés qui marquent un net virage protectionniste, 13 mois après son arrivée au pouvoir.
Ces taxes, de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, entreront en vigueur dans 15 jours.
"Je tiens une promesse que j'ai faite en campagne", a lancé M. Trump, assurant que les Etats-Unis, avaient, pendant des décennies, été victimes de pratiques commerciales qu'il a assimilées à une "agression".
Le Japon, un des principaux alliés des Etats-Unis, a immédiatement réagi, disant craindre "un impact grave (...) sur l'économie mondiale", selon le ministre des Affaires étrangères, Taro Kano. "Nous prendrons les mesures appropriées après avoir étudié avec attention les conséquences sur l'économie japonaise", a-t-il encore prévenu.
'Attaque'
La Chine a aussi fait part vendredi de sa "ferme opposition" à ces droits de douane, le ministère chinois du Commerce dénonçant une "attaque délibérée du système commercial multilatéral".
La mesure américaine exclut toutefois le Canada, premier partenaire commercial et premier fournisseur d'acier et d'aluminium des Etats-Unis, exempté "pour le moment", de même que le Mexique.
Le sort qui sera réservé à ces deux pays frontaliers des Etats-Unis sur le moyen terme dépendra en particulier de l'issue des négociations en cours sur l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna).
Ottawa a pourtant affirmé qu'il les considérait comme "deux sujets séparés".
Cette décision intervient le jour même où onze pays des deux rives du Pacifique ont ressuscité, au Chili, l'accord de libre-échange transpacifique (TPP), donné pour mort il y a un an après le retrait des Etats-Unis.
"Si nous trouvons un accord, il n'y aura pas de taxes sur le Canada et le Mexique", a martelé le président américain, disant sa conviction que les âpres discussions en cours pourraient aboutir.
Exemptions négociables
La Maison Blanche a précisé que tous les pays concernés pourraient entamer des discussions avec les Etats-Unis pour négocier, eux aussi, une éventuelle exemption. "Nous allons faire preuve de beaucoup de flexibilité", a assuré M. Trump, en présence d'une dizaine de travailleurs du secteur, casque à la main.
L'Union européenne martèle depuis plusieurs jours qu'une guerre de tranchées serait nuisible à tous.
Rappelant que l'UE est un "allié proche" des Etats-Unis, la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malström, a estimé jeudi que l'Union "devrait être exemptée" de ces taxes douanières. "Je vais demander plus de clarté sur cette question dans les jours à venir", a-t-elle écrit sur Twitter.
Les Européens exportent environ 5 milliards d'euros d'acier et 1 milliard d'euros d'aluminium chaque année vers les Etats-Unis.
Bien avant la promulgation de ces taxes, l'UE avait préparé une riposte. Une liste de produits américains pourraient être taxés, dont le fameux beurre de cacahuète, pour compenser en valeur le dommage causé à l'industrie européenne.
La France a dit "regretter" la décision de M. Trump et Londres a estimé qu'il agissait de la "mauvaise manière".
Le Brésil, deuxième fournisseur d'acier des Etats-Unis, a fait pour sa part savoir qu'il comptait "protéger ses intérêts".
Fronde d'élus républicains
L'annonce de ces droits de douane a suscité une véritable fronde au sein même du camp républicain où nombre d'élus réfutent l'avis du magnat de l'immobilier selon lequel les guerres commerciales sont "bonnes et faciles à gagner".
Son principal conseiller économique, Gary Cohn, a démissionné mardi en raison de son opposition à de telles mesures.
Le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a clairement marqué sa désapprobation, redoutant des "conséquences imprévues" tandis que le sénateur républicain, Jeff Flake, a annoncé le dépôt prochainement d'une proposition de loi visant à annuler ces taxes.
Dans le milieu des affaires, la Fédération des détaillants comme le constructeur automobile Ford s'attendent à des hausses de prix supportées par les consommateurs mais l'association de l'industrie manufacturière s'est félicitée de ces mesures.
Donald Trump s'est appuyé sur une procédure rarement invoquée de la législation commerciale américaine: l'article 232 qui repose sur des arguments liés à la défense nationale pour limiter l'importation de produits et de biens aux Etats-Unis, et a notamment été utilisé dans les années 1970 lors de la crise pétrolière et plus récemment au début des années 2000 également pour l'acier.
Evoquant à la fois les questions commerciales et de défense, il avait pointé du doigt l'Allemagne. "Nous avons des amis et aussi des ennemis qui ont énormément profité de nous depuis des années sur le commerce et la défense (...) Si on regarde l'Otan, l'Allemagne paie 1% et nous payons 4,2% d'un PIB beaucoup plus important".
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