Au côté de Donald Trump dans le Bureau ovale ou devant 18.000 personnes réunies par une puissante organisation américaine de lobbying, M. Netanyahu a arboré sa stature d'homme d'Etat, exaltant une relation qui "n'a jamais été aussi forte" avec les Etats-Unis, posant en grand allié du président américain et en rempart face à l'Iran.
Mais, à la maison, la menace des enquêtes a encore enflé pendant ces quelques jours d'absence, jetant le doute sur l'avenir de M. Netanyahu, personnalité dominante en Israël et figure incontournable à l'étranger.
Alors même qu'il s'apprêtait à rencontrer M. Trump, M. Netanyahu a appris que l'un de ses hommes de confiance, Nir Hefetz, avait accepté de collaborer avec les policiers en échange de l'immunité dans l'une des affaires de corruption présumée assiégeant le Premier ministre.
Le "dossier 4000", dans lequel la police cherche à savoir si les Netanyahu ont tenté de s'assurer les grâces de la part d'un site d'information en contrepartie de faveurs gouvernementales accordées à un grand groupe de télécommunications, est peut-être le plus lourd de dangers pour lui.
En tout, ce sont six enquêtes qui visent directement ou indirectement M. Netanyahu ou des membres de son entourage. La police a recommandé le 13 février son inculpation dans deux d'entre elles. Nir Hefetz est le troisième collaborateur du Premier ministre à conclure un accord de collaboration avec les enquêteurs.
Ultimatums
Au même moment, la coalition sur laquelle s'appuie le gouvernement considéré comme le plus à droite de l'histoire du pays s'est enfoncée dans une crise à l'issue incertaine.
Les prochains jours s'annoncent décisifs pour cette alliance dont on ne donnait pas cher quand elle a été formée en 2015, mais qui aura tenu au moins trois ans, s'élargissant même en 2016.
L'un des partis représentant les ultra-orthodoxes, c'est-à-dire les juifs observant rigoureusement les règles de leur religion, menace de ne pas voter le budget si une nouvelle loi n'est pas adoptée dispensant de service militaire les étudiants des écoles talmudiques.
"Si le budget n'est pas adopté d'ici à Pâques (fin mars), je recommanderai à mon parti de quitter le gouvernement", a prévenu le ministre centriste des Finances Moshe Kahlon.
Le ministre de la Défense Avigdor Lieberman, farouche adversaire de l'exemption, met lui aussi sa participation gouvernementale dans la balance.
"Je veux voir ce gouvernement aller à son terme", en novembre 2019, a dit mercredi M. Netanyahu, qui occupe le poste depuis 2009 après une première expérience dans les années 90.
"c'est ce qui va se produire si les dirigeants de la coalition tombent d'accord. Sinon, on aura des élections anticipées", a-t-il ajouté.
Le soupçon est largement répandu que M. Netanyahu, politicien roué, laisserait à dessein la crise s'amplifier, soit pour effectivement provoquer des élections, soit pour se donner des options.
"S'il veut vraiment trouver une solution, il la trouvera. Cette crise n'a rien de réel", dit un membre de l'opposition sous couvert de l'anonymat.
Pari risqué
Benjamin Netanyahu, réputé pour son instinct de survie politique, pourrait faire le calcul qu'il sortirait vainqueur de telles élections, et que, s'il était ensuite inculpé, il pourrait se retrancher derrière la volonté populaire pour rester à son poste.
Les sondages restent favorables à M. Netanyahu et à son parti. Même inculpé, il ne serait pas tenu légalement de démissionner. Et le procureur général devrait prendre encore plusieurs semaines au moins avant de décider ou non d'une inculpation, selon la presse.
D'autres membres de la coalition œuvrent à un compromis. Très peu d'entre eux ont un intérêt à des élections anticipées.
Dans ce contexte, M. Netanyahu chercherait à tirer le meilleur profit de la situation: il veut bien un compromis, mais ses partenaires devraient s'engager à rester au gouvernement jusqu'au bout, disent des proches cités dans la presse. Y compris, donc, s'il était inculpé.
Gideon Rahat, un spécialiste de sciences politiques, estime que le Premier ministre prendrait un pari très risqué en poussant à des élections.
"Il envisage très sérieusement cette option", qui lui permettrait de dire: "+Les élites, les médias, les juges, le parquet, ils veulent tous ma peau, mais le public, lui, me soutient+", avance M. Rahat.
"D'un autre côté, s'il perd les élections, il perd aussi cette ligne de défense" et prend le risque de finir en prison comme son prédécesseur Ehud Olmert, dit-il.
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