A quelques pas d'Oxford Street, grande artère commerciale du centre de la capitale britannique, se trouve une élégante demeure géorgienne en briques sur cinq niveaux, typique de l'architecture londonienne.
C'est ici que s'est installé l'AllBright, dernier en date d'une série de clubs privés voués au bien-être féminin.
Fondé par Debbie Wosskow, 43 ans, ex-startupeuse, et Anna Jones, 42 ans, ancienne directrice de la branche britannique du groupe de médias Hearst, l'endroit compte 400 membres, une très longue liste d'attente, et se veut entièrement dédié aux "femmes actives" et à leur épanouissement professionnel.
"Nous avons essayé de faire un lieu célébrant les femmes. Pour les femmes et par les femmes. Le genre d'endroit qui manquait (à Londres) jusqu'à présent", dit à l'AFP Anna Jones.
Le Royaume-Uni jouit certes d'une femme Première ministre (Theresa May), mais il est encore loin de l'égalité des sexes, souligne Debbie, le parlement ne comptant par exemple qu'un tiers de députées.
"La situation des femmes qui travaillent doit changer au Royaume-Uni, et nous pensons que l'AllBright fait partie de la solution", insiste-t-elle.
Jazz et café
Ici, point de fumoirs à cigares ou de fauteuils capitonnés, antiques attributs des clubs masculins: la déco est cosy, épurée et chaleureuse, entre chic britannique et design scandinave. Propice à la détente avec de profonds canapés, au travail avec moult tables prêtes à être partagées.
Au rez-de-chaussée, l'AllBright propose un espace restauration avec boissons chaudes et salades composées, et un bar art déco au dernier niveau. Dans les salons des autres étages, l'ambiance est studieuse et c'est à peine si l'on entend les membres pianoter sur leurs ordinateurs portables, sur fond de musique jazz.
Le'Nise Brothers est arrivée vers 10H00. Elle a pris un café et travaille devant une pile de dossiers. Pour cette nutritionniste de 38 ans, le club est l'endroit idéal pour augmenter sa clientèle et réseauter.
"Je suis spécialisée dans le travail avec les femmes donc c'est logique pour moi d'être dans un endroit comme ça", explique cette Canado-Britannique, coupe afro et chemise noire ornée de fleurs brodées.
"C'est différent quand on est entre femmes", ajoute-t-elle. "Cela ne veut pas dire que la présence d'hommes serait négative, mais les lieux faits pour les femmes ont tendance à être plus chaleureux, plus accueillants".
'Un lieu à elles'
En offrant aux femmes un espace consacré à leur accomplissement, l'AllBrigth, mais aussi d'autres lieux récemment ouverts à Londres, à l'instar du We Heart Mondays fin 2017, axé co-travail, contribuent à faire revivre une certaine tradition des clubs privés féminins.
S'ils n'ont jamais rivalisé en nombre et influence avec leurs homologues masculins installés à Londres depuis plus de trois siècles, ces établissements ont néanmoins jalonné l'histoire de la ville et contribué, à leur manière, au combat pour les droits des femmes.
Parmi les plus célèbres, le Pioneer Club, fondée en 1892 par Emily Massingberd, était alors considéré comme un cercle culturel avant-gardiste et féministe.
Dans une société longtemps sous la coupe masculine, ces clubs "ont été pour les femmes une tentative de revendiquer un espace social, en particulier dans les centres urbains", expliquent David Doughan et Peter Gordon dans un livre sur le sujet, "Women, Clubs and Associations in Britain".
Ces lieux constituaient "un refuge pour les femmes de la classe moyenne", un moment de respiration face aux "exigences familiales" et sociales, ou, "comme l'a résumé Virginia Woolf, +Un lieu à elles+".
Pas étonnant finalement que la citation complète de la romancière britannique ("Une femme doit avoir de l'argent et un lieu à elle"), soit inscrite sur la vitrine en verre mat à l'entrée de l'AllBright.
Le mouvement #MeToo a créé une "dynamique" pour les droits des femmes, souligne Anna Jones. "Je crois que nous en faisons partie".
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