Sur le plateau, cravate rouge pour Olivier Faure, cravates sombres pour les trois autres, les quatre hommes ont chacun souligné au début du débat la gravité de l'enjeu, alors que le PS joue sa survie après les désastres électoraux du printemps.
"En mai, juin, les Français nous ont adressé un message que nous devons entendre. Nous avons fait 6% des voix à l'élection présidentielle. Nous ne pouvons pas ne pas nous remettre en cause de manière radicale", a souligné le président du groupe Nouvelle Gauche à l'Assemblée, Olivier Faure. "C'est un congrès décisif pour le PS, mais pour toute la gauche", a renchéri l'ancien porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.
Invités à s'exprimer sur le précédent quinquennat, les quatre hommes ont pris soin de ne pas s'opposer frontalement. "Ce dont il faut être capable, c'est de se tourner vers l'avenir", a éludé M. Le Foll, qui se montre le plus ardent défenseur de François Hollande dans son texte d'orientation.
M. Faure, comme M. Le Foll et M. Carvounas issu de l'ancienne majorité du PS, a tenu à rappeler qu'il avait parfois "donné l'alerte" lors du précédent quinquennat, sur la question de la déchéance de nationalité comme sur la loi travail.
Les démons du passé n'ont cependant pas tardé à ressurgir, lorsque les candidats ont été interrogés sur leur vision économique et sociale. Sur le CICE, comme sur la loi Travail, MM. Le Foll et Maurel ont reproduit les débats du précédent quinquennat entre le gouvernement et les frondeurs. "Ce débat, on va pouvoir le continuer cinq ans, hein ! C'est pour ça que je veux une majorité: pour pouvoir se tourner vers l'avenir, changer un peu !", s'est agacé l'ancien ministre de l'Agriculture.
que les militants viennent voter
Cherchant à s'extirper de cette opposition binaire, M. Faure a mis le projecteur sur la politique du gouvernement actuel. "Quelle différence entre nous et Emmanuel Macron ? Nous avons donné de l'argent aux entreprises. Emmanuel Macron donne 30 milliards d'euros sur cinq ans non pas aux entreprises, mais aux actionnaires", a-t-il dit, en rappelant la proposition des députés socialistes d'augmenter le pouvoir des salariés dans les grandes entreprises.
Les quatre hommes se sont mis à l'unisson pour dire leur opposition à Emmanuel Macron, promettant de tous manifester le 22 mars aux côtés des cheminots. "Sur une manifestation unitaire, je peux aller manifester. Mais je ferai très attention de ne pas suivre une manifestation qui serait appelée par certains syndicats et pas d'autres", a affirmé Stéphane Le Foll, qui a aussi dénoncé "l'injustice" des choix fiscaux du gouvernement.
Ancien lieutenant de Manuel Valls, Luc Carvounas s'est montré le plus virulent contre le président de la République, l'accusant d'être le "président des riches et des métropoles".
"Je suis l'opposition, je ne vais pas aller chercher quel adjectif (...) J'étais dans l'hémicycle à l'Assemblée nationale, j'ai écouté le discours d'Edouard Philippe: il y avait tout dedans ! Tout ce qu'on est en train de combattre aujourd'hui était dans ce discours. Il fallait voter contre ce discours, pour être clair!", a lancé le député, seul sur le plateau à avoir voté contre la confiance au gouvernement.
Ce débat organisé par LCI et RTL en partenariat avec le Figaro était une première pour un parti. Invités par LCI à se livrer à un exercice similaire avant l'élection en décembre de leur président Laurent Wauquiez, Les Républicains avaient décliné l'offre.
"L'enjeu du débat est de montrer que le Parti socialiste est bien présent (...), de faire en sorte que les militants viennent voter", avait souligné mercredi matin le coordinateur du parti Rachid Temal, qui a affirmé attendre 30.000 votants, sur les quelque 102.000 militants susceptibles de se mettre à jour de cotisation. "Ils rallument la lumière, ce n'est pas la fin du film", a de son côté souligné l'ancien premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis.
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